Le président russe Vladimir Poutine a confirmé qu'il se rendrait lundi comme prévu en visite en Iran, malgré les rumeurs sur des préparatifs d'attentat contre lui à Téhéran et des doutes émis par le Kremlin sur ce déplacement.
« Naturellement, je vais en Iran », a déclaré le président russe dans une conférence de presse à Wiesbaden, en Allemagne, après des consultations avec la chancelière allemande Angela Merkel.
Plus tôt le porte-parole du Kremlin Dmitry Peskov avait mis en doute ce déplacement en déclarant à l'AFP ne « pas avoir d'information si la visite aurait lieu ou non », après avoir indiqué dans la matinée ne pas disposer d' « information sur un changement de plan » du président russe.
Le porte-parole de la diplomatie iranienne Mohammad Ali Hosseini a assuré quant à lui que Vladimir Poutine était toujours attendu lundi soir à Téhéran.
Ce serait la première visite d'un chef du Kremlin à Téhéran depuis celle de Joseph Staline en 1943, et l'occasion pour son homologue iranien Mahmoud Ahmadinejad de rompre un isolement diplomatique croissant.
L'agence russe Interfax a cité dimanche une source « au sein des services spéciaux russes » selon laquelle « plusieurs groupes de kamikazes ont été créés » pour perpétrer un attentat contre le président russe. Ces informations sont « totalement sans fondement », a affirmé le ministère iranien des Affaires étrangères.
Le programme de la visite de Vladimir Poutine est particulièrement chargé mardi.
Le président russe participe d'abord au sommet des chefs d'Etat des cinq pays riverains de la Caspienne (Azerbaïdjan, Iran, Kazakhstan, Russie, Turkménistan), qui s'ouvrira à 09H30 (06H00 GMT).
Les présidents signeront une déclaration commune à 12H00 (08H30 GMT), qui sera « un pas vers l'élaboration de l'approche commune » sur la question du statut de la mer Caspienne, a dit Dmitry Peskov.
Il ne faut donc attendre aucune percée sur ce thème qui divise les riverains d'un plan d'eau dont le sous-sol est riche en hydrocarbures.
L'Iran et le Turkménistan défendent un partage de la Caspienne en cinq zones d'influence égales alors que les trois autres veulent le baser en fonction de la longueur de leurs rives respectives.
Les cinq présidents doivent tenir une courte conférence de presse, accompagnée d'une déclaration de leur hôte iranien.
Ce dernier inaugurera ensuite la partie bilatérale de la visite de Vladimir Poutine avec un entretien prévu à 14H45 (11H15 GMT), selon Dmitry Peskov.
Le programme de Vladimir Poutine prévoit également un entretien avec son homologue turkmène Gourbangouly Berdymoukhamedov et une interview à la presse iranienne.
Le dernier entretien de Vladimir Poutine sera avec la plus haute autorité de l'Etat, l'ayatollah Ali Khamenei. Cette rencontre aura une importance d'autant plus grande que le Guide suprême ne reçoit d'ordinaire un chef d'Etat que s'il est musulman.
Les sujets abordés devraient toucher aussi bien aux questions internationales qu'à la relation entre Moscou et Téhéran.
La Russie est le dernier rempart, avec la Chine, à l'adoption d'une troisième résolution du Conseil de sécurité de l'ONU infligeant des sanctions à Téhéran à cause de son refus de suspendre son enrichissement d'uranium.
Moscou mise encore sur l'engagement de Téhéran, pris en août, d'éclairer enfin l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur les zones d'ombre de son programme nucléaire.
La Russie attendra donc un rapport de l'AIEA sur le sujet, prévu à la mi-novembre, avant de soutenir éventuellement de nouvelles sanctions.
Un autre sujet d'actualité sera celui de la centrale nucléaire de Bouchehr (sud), construite par la Russie depuis 1995 et dont l'achèvement est régulièrement repoussé.
La Russie a argué de retards de paiement iraniens, démentis par l'Iran, mais les experts occidentaux y voient plutôt un moyen de pression pour forcer l'Iran à la transparence sur son programme nucléaire.