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L’A380 entre en piste

Article du 15/10/2007
Avec dix-huit mois de retard, Airbus livre aujourd’hui le premier exemplaire de son A380, le plus gros avion de ligne de l'histoire, à la compagnie Singapore Airlines (SIA), à Toulouse, siège de l'avionneur européen.
Devant 600 personnes -salariés d'Airbus, de Singapore Airlines et journalistes-, la quadriréacteur roulera mais ne volera pas. Il partira le lendemain pour Singapour, d'où il effectuera son premier vol commercial le 25 octobre en ralliant Sydney.
Les places de ce vol historique, mises aux enchères sur le site internet eBay, ont rapporté 1,3 million de dollars, somme reversée à des oeuvres caritatives. Au total, 19 Airbus A380 doivent être livrés à la compagnie SIA. L'A380 de SIA sera configuré pour accueillir 471 passagers dans trois classes, ou plus de 800 passagers en classe économique.
Le nouvel avion d’Airbus peut transporter entre 525 (en aménagement standard) et 853 (en charter) passagers, soit 35% de plus que le Boeing 747-400, le plus gros avion commercial actuel qu’il entend défier. Dans sa version élargie, le Boeing 747, seul super-jumbo dans les airs depuis 1970, est doté de 450 places.
L’A380 totalise à ce jour 189 commandes fermes et engagements d'achat émanant de 16 clients, principalement de la région du Golfe, d'Asie et d'Europe.
Mais sa livraison a été repoussée en raison de problèmes d'industrialisation, en particulier dans l'assemblage des câblages électriques. Des difficultés qui ont mis en lumière le manque d'intégration entre les différentes composantes d'Airbus et conduit à la simplification de la direction franco-allemande.
Les charges liées au retard de l'A380 ont pesé pour 2,5 milliards d'euros dans l'exercice 2006 d'Airbus, en perte de 572 millions d'euros. La facture totale de la crise devrait dépasser 6 milliards d'euros d'ici à 2010.
L’entrée en piste de l’A380, qui devait marquer la fin des déboires industriels du programme, intervient en pleine affaire de délits d'initié chez EADS, maison mère d'Airbus, liée précisément aux problèmes de fabrication de l'avion géant.

Dominique de Villepin au courant de l'opération

L’Autorité des marchés financiers (AMF) accuse en effet la direction et les actionnaires du groupe européen d'aéronautique et de défense EADS de s’être rendus coupables d' « un délit d'initiés massif » et affirme que l'Etat français connaissait la situation.
La justice enquête. Bercy et Matignon se sont jusqu’à présent défendus d’avoir été au courant à l’avance des retards de livraison de l’A380 et du rachat par la CDC de 2,25% du capital d’EADS à Lagardère en avril 2006.
Mais Dimanche, Arnaud Lagardère, qui s'exprimait pour la première fois sur l'affaire EADS, a affirmé que Matignon avait suivi « depuis le début » la vente de sa participation dans le groupe européen d'aéronautique et de défense, entretenant le doute sur le rôle de l'Etat. Selon le patron du groupe éponyme et coprésident du conseil d'administration d'EADS, Matignon a été informé à l'avance de son intention de vendre des titres EADS à la banque IXIS CIB en 2006 et de la possibilité qu'une partie soit rachetée par la Caisse des dépôts et consignations (CDC), organisme public.
A la question: « le Premier ministre Dominique de Villepin était-il au courant de l'opération? », Arnaud Lagardère, proche du président de la République Nicolas Sarkozy, l'ancien rival de Dominique de Villepin, répond: « oui, bien sûr », dans un entretien au Journal du Dimanche, dont son groupe est propriétaire. L'ancien Premier ministre avait pourtant affirmé mercredi n'avoir « jamais été saisi de ce dossier ni par Arnaud Lagardère, ni par le directeur de la Caisse des Dépôts ».
De leur côté, les responsables de la CDC avaient assuré mardi que le gouvernement n'avait pas été « informé » de cette opération.

Un mémo à Matignon

Deux mois après, EADS annonçait des retards de livraison pour l'A380, provoquant un effondrement de son cours de Bourse. Dans cette affaire, Arnaud Lagardère se défend de tout délit d'initié alors que l'Autorité des marchés financiers soupçonne des actionnaires et des dirigeants d'EADS d'en avoir commis.
Arnaud Lagardère a confirmé l'existence d'une note envoyée fin février 2006 par son groupe à Bercy et à Matignon, évoquant la CDC comme possible repreneur d'une partie de sa part dans EADS.
Un rapport interne commandé par la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, et rendu public jeudi faisait état d'un document « daté du 21 février » mais indiquait seulement qu'il « semblait provenir du groupe Lagardère ».
Selon le rapport, ce mémo, qui mentionnait la CDC comme faisant partie d'un « groupe d'investisseurs susceptibles d'être intéressés » par l'achat de ces titres, aurait « été remis par le cabinet du ministre » de l'Economie, Thierry Breton, à l'Agence des participation de l'Etat (APE), avant une réunion le 20 mars avec Lagardère.
Le journal Le Monde avait révélé vendredi que ce mémo avait aussi été adressé par le groupe privé à Matignon « dès février ». « Cette note était un descriptif de l'opération que nous avons envoyé aux services du Premier ministre parce qu'ils nous l'avaient demandé. Elle contenait une liste d'investisseurs susceptibles d'être intéressés à long terme dont, parmi d'autres, la CDC », explique Arnaud Lagardère.
Et de poursuivre: « concernant nos relations avec l'Etat, je voudrais que les choses soient claires. Dès janvier 2006, mes collaborateurs ont eu des réunions répétées et à haut niveau concernant l'opération avec les services du Premier ministre. Elles portaient sur le schéma envisagé, le calendrier... ».

Francebourse.com - Manuelle Tilly, avec AFP
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