Dérèglement du climat, tempête et conséquences économiques : le nouveau trio ?
Article du 19/01/2007
Si les coups de vent sont fréquents en cette période hivernale, la douceur des températures et la violence de la tempête d’hier viennent accentuer les inquiétudes quant au dérèglement climatique. Et les dégâts matériels et humains sont nombreux.
Les rafales de vent qui ont balayé le Nord de l’Europe ces deux dernières nuits ont atteint plus de 180 kilomètres par heure par endroits, rappelant les mauvais souvenirs de la tempête de 1999. En France, à l’intérieur des terres, le vent a soufflé jusqu’à 110 kilomètres par heure. En décembre dernier, déjà, l’Hexagone avait connu un épisode de vent fort.
Des Pays-Bas à la Lettonie, en passant par l’Allemagne et la Grande-Bretagne, la tempête Cyril a été d’une violence inhabituelle, provoquant dégâts, fermetures diverses et annulations de vols. Le bilan est lourd : au moins 36 victimes, selon les derniers chiffres.
En France, si le vent faiblit sur les départements du Nord, Méteo France appelle tout de même à la « vigilance jaune ». La tempête a fait deux morts : une femme inspectrice d’auto-école écrasée par un arbre à Roubaix dans sa voiture et un homme mort dans une collision entre son véhicule et un poids lourd dans la Somme.
Plusieurs milliers de foyers on été privés d’électricité dans le Nord et le Pas-de-Calais.
Les services Eurostar et Thalys au départ de la France et de la Belgique ainsi que ceux en provenance de la Grande Bretagne ont été un moment arrêtés en raison des conditions météorologiques dans le nord de la France.
L’Allemagne vivait au ralenti hier : écoles fermées, transport ferroviaire interrompu pour la première fois dans l’histoire des chemins de fer allemands, maisons barricadées. L’accalmie ne devra toutefois pas permettre le retour à la normale avant de longues heures. Certaines autoroutes allemandes sont jonchées par des arbres et d’autres, fragilisés, menacent de tomber : le trafic routier et ferroviaire reste donc fortement perturbé. La gare centrale de Berlin reste également fermée : elle a été évacuée après la chute de poutres porteuses en acier hier soir.
En Angleterre, l’aéroport d’Heathrow, les plus vaste d’Europe, a annulé 123 vols hier.
La violence des vents a également provoqué la perdition du porte-conteneur britannique « MSC Napoli » au nord e l’île d’Ouessant. Les membres d’équipage ont été recueillis. Le plus dur reste à faire : empêcher le navire de perdre sa cargaison de 1 684 tonnes de produits dangereux, explosifs, gaz, produits inflammables.... et ses 3 500 m3 de fuel de propulsion. Le remorqueur l’Abeille Bourbon s’est rendu sur zone.
Les dégâts matériels pourraient s’élever à plusieurs millions d’euros, sans compter l’impact financier de la fermeture des réseaux de transport et du ralentissement de l’activité économique dans certaines régions, comme le port de Douvres en Angleterre, et les coûts des assurances.
Pendant ce temps, le Sud de l’Europe enregistrait hier des températures printanières sous un ciel souvent ensoleillé et les Alpes attendent désespérément de grosses chutes de neige. De l’autre côté de l’Atlantique, une bonne partie des Etats-Unis est toujours prise sous plusieurs centimètres de glace et de neige.
Ces dérèglements climatiques viennent renforcer la prise de conscience environnementale, credo de l’Américain Al Gore et, depuis peu, corde sensible de la campagne présidentielle française.
D’ailleurs, une conférence sur l’environnement devrait se tenir début février à Paris. « Créons l’Organisation des Nations unies pour l’environnement, conscience écologique du monde, lieu privilégié de notre action commune pour les générations futures », avait déclaré Jacques Chirac, à l'Assemblée générale des Nations unies à New York, le 19 septembre dernier. La réunion sera présidée par Alain Juppé, à qui le Président de la République a confié la mission de diriger les débats. Objectifs de cette conférence internationale : déterminer les actions prioritaires pour lutter contre les menaces environnementales, réfléchir sur l’après-Kyoto et pousser en faveur de la création d’une ONUE (ONU pour l’environnement).
