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Taux de chômage : le calcul va changer

Article du 24/09/2007
Le calcul du taux de chômage communiqué par le gouvernement français est-il fiable ? La polémique enflait. Pour y mettre fin, le Premier ministre François Fillon avait commandé le 19 juin un rapport sur « les méthodes statistiques d'estimation du chômage » à l'inspection des Finances et des Affaires sociales. Conclusion : l'Insee doit s’orienter vers une publication trimestrielle et non plus mensuelle du taux de chômage au sens du BIT. Une recommandation jugée « logique » par la ministre de l'Economie et de l'Emploi Christine Lagarde, dans une interview aux Echos à paraître lundi. Selon Christine Lagarde, les recommandations du rapport « peuvent pour la plupart être mises en oeuvre immédiatement, à cadre juridique inchangé », c'est-à-dire sans loi. « Je vais demander aux différents services concernés, et notamment à l'Insee, qui publiera en novembre les résultats issus de l'enquête emploi sur le taux de chômage en 2006 et au premier semestre 2007, de s'y atteler sans tarder. L'intégration des demandeurs d'emploi d'outre-mer, demandée par le Parlement cet été, interviendra au même moment », déclare-t-elle.

Un échantillon trop faible

Jusqu’à présent, les chiffres du chômage publiés mensuellement étaient issus des demandeurs d'emplois inscrits à l'ANPE, tandis que l'Enquête Emploi de l'Insee repose sur des entretiens avec 75 000 Français, sur la base de la définition du taux de chômage du BIT (Bureau international du Travail).
Un échantillon jugé trop faible par le rapport qui suggère de l'augmenter, voire « de le quadrupler ». Il faudra donc « remédier » à ce problème de l'échantillon de l'enquête emploi de l'Insee, indique Christine Lagarde. « Pour le reste, nous continuerons à publier mensuellement le nombre de demandeurs d'emploi en fin de mois (DEFM) inscrits à l'ANPE », poursuit-elle.
« Nonobstant les problèmes d'échantillon de l'enquête emploi de l'Insee ou les nouvelles modalités d'accueil des demandeurs d'emploi par l'ANPE, qui ont eu des répercussions sur les statistiques et nous ont conduit à commander ce rapport, il y a bien eu une baisse constante et régulière du nombre de chômeurs depuis deux ans », se félicite-t-elle.
Au final, l'enquête emploi de l'Insee qui doit être publiée en novembre fait apparaître un taux de chômage BIT supérieur d'un point aux chiffres provisoires annoncés avant et après les élections : 9% au deuxième trimestre 2007, au lieu du 8% annoncé fin juin, indique le document.
Le taux de chômage BIT en France métropolitaine ne serait dès lors pas de 9%, mais d'« environ 8,2% pour le deuxième trimestre », avec une fourchette allant de 7,8% à 8,6%, selon le rapport.
L'Insee est en effet invité par les experts du rapport, parmi lesquels l'ancien ministre Bruno Durieux, à adopter l'interprétation plus restrictive que fait l'office européen des statistiques Eurostat des critères du BIT et à modifier ses méthodes de redressement pour intégrer le fait que le taux de chômage des non-répondants à son enquête emploi est plus faible que la moyenne.

Un chômage sous-estimé?

Ce nouveau mode de calcul mettra-t-il fin à la polémique ? Depuis Noël, des statisticiens dénoncent de concert une sous-estimation du chômage.
Au premier rang des contestataires : le collectif les Autres chiffres du chômage (ACDC), qui reprochait notamment aux pouvoirs publics de ne prendre en compte que la seule catégorie 1 (chômeurs en recherche de CDI et disponibles immédiatement) alors qu'il existe dans les statistiques de l'ANPE huit catégories de demandeurs d'emploi. ACDC mettait également en avant le fait que « l'évolution du nombre d'inscrits à l'ANPE est inévitablement sujette à des variations liées non pas au chômage mais aux modes de gestion de l'agence. Ce phénomène s'est considérablement aggravé dans les années récentes avec la multiplication des réformes renforçant la pression sur les demandeurs d'emploi ». Pour le collectif, il n’était « plus possible de continuer à focaliser le débat public sur un chiffre aussi fragile au seul motif qu'il est disponible mensuellement ».
Plusieurs chercheurs et statisticiens avaient par ailleurs contesté l'intérêt d'une publication des chiffres du chômage tous les mois lors des « Etats généraux des chiffres du chômage et de la précarité », organisés par le collectif ACDC, des syndicats du ministère de l'Emploi, de l'Insee et de l'ANPE, et des associations de chômeurs (AC!, MNCP). Pour eux, ces publications mensuelles ne rendaient pas compte de la précarisation de l'emploi.
Mais alors que le rapport est publié aujourd’hui, l’ACDC dénonce déjà une « subtile embrouille ».

Francebourse.com – Manuelle Tilly, avec AFP
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