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Inflation : Fed et BCE, deux visions de l'inflation

Article du 20/09/2007
La crise estivale du marché des « subprime », les différentes interventions des banques centrales européenne et américaine sur les places financières et la décision récente de la Fed d’abaisser ses taux de 50 points de base sont l’occasion de revenir sur le fonctionnement et les objectifs de ces deux entités.

Côté Fed, les évènements récents ont montré un changement de mentalité majeur. En optant pour une réduction drastique de ses taux directeurs, la Réserve fédérale américaine a clairement privilégié la croissance sur l’inflation, qui n’est plus l’ennemi numéro un.
Même si elle a souligné que « certains risques d’inflation demeurent », la banque centrale a abandonné la formulation rituelle de ses précédents communiqués dans lesquels elle répétait que sa « préoccupation prédominante » restait que « l’inflation ne se modère pas comme prévu ».
Créée en 1913, la Fed avait été pensée pour décider de la politique monétaire américaine, avec un double objectif de stabilité des prix et de plein emploi, l’obligation de faciliter la croissance et un rôle de prêteur de dernier ressort. En 1978, le Federal Reserve Act, modifié par le Humphrey-Hawkins Full Employment Act, redéfinit la mission de la Fed : « maintenir en moyenne une croissance des agrégats monétaires et de la quantité de crédit compatible avec le potentiel de croissance de la production, de manière à tendre vers les objectifs suivants : un taux d'emploi maximum, des prix stables et des taux d’intérêts à long terme peu élevés. » L’inflation restant donc un objectif prioritaire.
Inquiet des risques de contagion de la crise du marché immobilier à « l’économie réelle », le président de la Fed, Ben Bernanke, est cette semaine pourtant passé outre les avertissements de son prédécesseur Alan Greenspan, qui mettait en garde, lundi encore, contre une augmentation des pressions inflationnistes.
Citant notamment la flambée des prix du pétrole et l’aggravation des déficits liée au vieillissement de la population, Alan Greenspan avait jugé que « les perspectives en matière d’inflation vont se détériorer ».
Cette évolution imposera à terme une remontée des taux directeurs jusqu’à un nombre « à deux chiffres », ce qui ne s’est plus vu depuis les années 1980, avait-il même pronostiqué.
Pour l’heure, les faits donnent toutefois raison à Ben Bernanke. Freinés par le recul des cours de l’essence et du gaz, les prix à la consommation ont reculé de 0,1 % en août, pour la première fois depuis octobre 2006. Hors alimentation et énergie, l’indice a toutefois progressé de 0,2 %. Sur un an, la hausse des prix a atteint 2 % pour l’indice général et 2,1 % pour l’indice de base, alors que la Fed vise sans le dire un taux d'inflation annuel inférieur à 2 % (hors alimentation et énergie).
Avec une inflation de la sorte, la Fed devrait donc pouvoir respirer un temps et se focaliser sur la croissance américaine. Car la crise du marché immobilier n’a sans doute pas fini de se déployer. Les mises en chantier de logements, déjà à leur plus bas niveau depuis une décennie, ont encore reculé de 2,6 % en août par rapport à juillet. Un tel niveau n’avait plus été observé depuis juin 1995.

Côté BCE, « l’objectif principal du SEBC est de maintenir la stabilité des prix ». La croissance vient ensuite. « Sans préjudice de l’objectif de stabilité des prix, le SEBC apporte son soutien aux politiques économiques générales dans la Communauté, en vue de contribuer à la réalisation des objectifs de la Communauté, tels que définis à l’article 2 » (article 105, paragraphe 1, du traité). Laquelle Communauté se donne pour objectifs d’obtenir un niveau d’emploi élevé et une croissance durable et non inflationniste, selon l’article 2 du traité sur l’Union européenne).
Le SEBC n’est autre que le Système européen de banques centrales (SEBC) qui contient la Banque centrale européenne (BCE).
La Banque Centrale Européenne reste donc orientée sur la surveillance de l’inflation et la stabilité des prix, ce qui lui vaut nombre de reproches. L’objectif officiel est de se placer « au dessous mais à proximité de 2 % » d’inflation.
Sans préjudice de cet objectif, elle apporte son soutien aux objectifs économiques de l’Union, c’est-à-dire le maintien d'un niveau d’emploi élevé et l’encouragement d’une croissance non-inflationniste.
A noter que le taux d’inflation annuel de la zone euro a légèrement baissé en août par rapport à juillet, à 1,7 % contre 1,8 %, selon l’Office statistique européen Eurostat. Dans l’UE à 27, non entièrement couverte par la BCE, le taux d’inflation a été de 1,9 % contre 2 % en juillet.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP
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