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Le Medef tient son université

Article du 29/08/2007

C’est la rentrée pour les millions d’écoliers français mais aussi pour les grandes formations françaises. S’ouvre aujourd’hui la neuvième université d’été du Medef, le mouvement patronal dirigé par Laurence Parisot.
Un rendez-vous annuel très couru qui doit rassembler des milliers de personnalités du monde politique, patronal, syndical… sur un thème interrogateur cette année : « Jouer le jeu ».

Des rencontres sous étroite surveillance

Les ateliers organisés par le Medef se dérouleront sur le campus d’HEC à Jouy-en-Josas (Yvelines) sous la plus grande vigilance sécuritaire. En effet, la semaine dernière, sur ce même campus étudiant, ont été retrouvés trois engins incendiaires cachés dans le faux plafond d’un local sanitaire, situé à proximité d’un amphithéâtre.
Le déclenchement imprévu et partiel de ces engins, noircissant les murs de leur cachette, a éveillé les soupçons du personnel d’entretien des lieux qui ont aussitôt alerté les autorités et la police.
Une enquête est en cours pour tenter de déterminer la dangerosité exacte de ces engins incendiaires, constitués de plusieurs bouteilles remplies d’un liquide inflammable, et dont la date de mise à feu prévue n’est pas connue. De même, les enquêteurs cherchent les responsables de cette installation criminelle, certes « artisanale mais de bonne facture », selon les premières constatations. Amateurs calés en dispositifs de mise à feu ou professionnels ? Les bombes visaient-elles l’université du Medef qui démarre donc ce mercredi et va rassembler une foule de personnalité sur le campus ? Laurence Parisot, la dirigeante, était-elle dans la ligne de mire, elle qui occupe chaque année le même bureau, situé en face du local piégé ?
Difficile pour l’heure d’apporter des réponses claires. Les services de sécurité resteront sur le qui-vive pendant les jours à venir. « Il est hors de question de prendre le moindre risque, affirmait il y a peu Hélène Molinari, directrice générale adjointe du Mouvement des entreprises de France. Nous ne sommes pas spécialement inquiets, mais nous sommes vigilants. La sécurité de l’événement va être renforcée » : fouilles des personnes et des véhicules, chiens renifleurs, démineurs sur le site, interdictions de stationnement aux alentours, ligne de bus détournée, policiers de la BAC (Brigade anti-criminalité), présence des forces de l’ordre 24 h/24…

Le discours de Nicolas Sarkozy très attendu

Ce d’autant plus que certains ministres sont attendus sur le campus. Et que demain aura lieu le grand discours du président Nicolas Sarkozy. Le chef d’Etat est un grand habitué du rendez-vous de Jouy-en-Josas où il est toujours chaleureusement accueilli.
Un discours qui ne manquera pas d’être scruté par les experts. Nicolas Sarkozy a prévu de s’exprimer sur « la deuxième phase des réformes économiques » et donnera donc le feu vert à son lancement. Au programme, « des mesures permettant d’améliorer la compétitivité des entreprises » et des annonces « en matière de pouvoir achat », a indiqué la ministre de l’Economie Christine Lagarde, qui sera présente le même jour à l’Université d’été.
D’autres membres du gouvernement feront le déplacement : Jean-Louis Borloo (Ecologie), Eric Woerth (Budget et Fonction publique), Roselyne Bachelot (Santé et Sports), Michel Barnier (Agriculture).
A gauche, ce sont le maire PS de Paris Bertrand Delanoë ou l’ancienne ministre socialiste Elisabeth Guigou qui apporteront leur contribution au débat.
Pas moins de six commissaires européens ont également été conviés par Laurence Parisot, parmi lesquels le commissaire au Commerce Peter Mandelson.
Les numéros un syndicaux François Chérèque (CFDT), Jean-Claude Mailly (FO) et Bernard Van Craeynest (CFE-CGC) viendront prendre la température patronale à la veille d’une délicate négociation des partenaires sociaux sur la modernisation du marché du travail.
Bernard Thibault (CGT) a décliné l’invitation.

Un moment fort pour Laurence Parisot

De son côté, la « patronne des patrons » fera figure d’hôtesse pendant ces quelques jours et sera sur tous les feux. On est loin des moments de doutes et de désillusions qui animaient l’université l’an passé alors que Laurence Parisot arrivait à peine aux manettes du Medef.
Au-delà de cette université d’été, la rentrée s’annonce d’ailleurs chargée pour Laurence Parisot. En septembre se tiendront d’importantes négociations sur le marché du travail.
Depuis sa succession à Ernest-Antoine Sellière, Laurence Parisot a eu quelques ratés au démarrage mais c’est bien rattrapé avec la publication en janvier d’un ouvrage à fort succès auprès des chefs d’entreprises, « Besoin d’air ».
Autre succès de la présidente : la décision, le 19 juin, à l’unanimité des organisations syndicales et patronales, de se saisir eux-mêmes de la modernisation du marché du travail et de la représentativité syndicale. En juillet, ces mêmes organisations, parfois frères ennemis, accouchaient d’un texte commun qui soulignait qu’ « il n’y a pas de développement possible de l’économie et de l’emploi sans un socle industriel fort, compétitif, innovant ».
Dans une tribune pour le journal Le Monde datée du 30 août, Laurence Parisot appelle à une « réforme du marché du travail » : passage de l'âge légal de la retraite à 61 ans puis à 62 ans, allongement du nombre d’années de cotisations, modification du contrat de travail car « on embauchera plus s’il est moins compliqué de licencier »...
Elle souligne également l’importance de « promouvoir une politique de l’offre en cessant de raisonner seulement à partir de la demande » afin de « retrouver une bonne santé économique nationale », qui va de paire avec « la santé des entreprises ».
Laurence Parisot réclame aussi « l’inscription de la liberté d’entreprendre » dans la Constitution, un « droit du contribuable à une fiscalité juste, non confiscatoire, non rétroactive, limitant son impôt total à 50 % du revenu », la « suppression de l’ISF ».

« Jouer le jeu »

La méthode Parisot, basée sur le dialogue constructif et la négociation, même longue, semble donc bien fonctionner.
Aujourd’hui, il s’agit de « jouer le jeu », selon le slogan choisi pour cette université 2007. Un thème porteur de moult questions. De quel jeu économique parle-t-on ? Quelles en sont les règles ? Qui les écrit ? Qui transmet les règles ? Peut-on s’en affranchir ? Quelles sont les sanctions en cas de non-respect ? L’établissement de règles nuit-il à la liberté d’expression ?...
Au programme pour éclairer ces réflexions, des ateliers aux intitulés porteurs eux-mêmes de réflexion : « Fair play or not fair play ? Telle est la question » ; « Jeux interdits : les filières de la triche » ; « Sports : les gestes fair et les gestes unfair » ; « L’éthique, le dialogue et la guerre » ; « Poser des bombes, faire la révolution ou penser la réforme ? » ; « L’espace : quel est le but du jeu ? »…
Ou d’autres plus clairs : « La Chine joue-t-elle le jeu ? » ; « Les hedge funds : pirates ou joueurs d’exception ? » ; « Yen, yuan, dollar, euro : quel jeu les monnaies jouent-elles ? » ; « Le web, une règle du jeu mondiale » ; « Les règles de la concurrence : entre espoir et désespoir, quels progrès ? » ; « La mondialisation a-t-elle une vraie définition ? » …

Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP
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