De retour hier de ses vacances aux Etats-Unis, Nicolas Sarkozy va revenir sur le devant de la scène, même s’il ne semble pas l’avoir réellement quittée. Le séjour du président français n’a pas été de tout repos. Et, même durant deux semaines, il n’a pas réussi à se faire oublier. Mais le voulait-il vraiment ?
Pas un jour ne s’est passé sans que l’on entende parler des « vacances » du président dans une luxueuse maison de Wolfeboro. Joggings, promenade en bateau, altercation avec des photographes, pique-nique « familial » avec George W. Bush, chaque fait et geste du président français a été largement couvert par les médias.
Dès son arrivée aux Etats-Unis, son lieu de villégiature créait la polémique et ce n’est pas la première fois. En mai dernier déjà, ses quelques jours d’escapade à Malte sur le yacht de Vincent Bolloré avaient fait grand bruit. Nicolas Sarkozy aime le luxe et ne s’en cache pas. Cette fois, ce sont ses deux semaines à Wolfeboro, un petit village du New Hampshire (nord-est) au bord du lac Winnipesaukee, dans une villa dont la valeur locative est estimée à 22 000 euros par semaine qui ont fait débat. Le président français a expliqué avoir été invité par des amis qui y viennent depuis des années : « Ils ont loué une maison, ils nous ont invités, point. Il n'y a pas de polémique », a-t-il lancé. Quant au choix de l’Amérique, « c'est celui de 900 000 Français par an. Je suis l'un d'entre eux », s’est-il justifié. « Si j'avais choisi l'Italie, ça ne veut pas dire que je n'aime pas l'Espagne. »
Un peu de tranquilité
Mais en grand habitué des médias et parfait communicant, Nicolas Sarkozy préfère décider où et quand il parle aux journalistes et se fait photographier. Et il ne semble pas apprécier les surprises. Aux Etats-Unis, pays où il n'y a pas de « droit à la vie privée », chacun peut photographier le président à partir du moment où il est visible. Mais Nicolas Sarkozy ne partage visiblement pas ce point de vue.
Dimanche 5 août, alors qu’il se promenait tranquillement à bord d’un bateau, le président français a perdu son sang froid en s’apercevant avoir été suivi par deux photographes américains de l’agence Sipa et Associated Press. En témoignage : une photo le montrant, torse nu, l’air furieux, pointant du doigt les deux reporters. Nicolas Sarkozy a même été jusqu’à monter à bord de l’embarcation des deux photographes, a saisi l’appareil photo de l’un d’entre eux avant de le reposer et de reprendre son calme en demandant toutefois avec véhémence de cesser de le photographier. Le lendemain, lors d’un point presse, il a répété sèchement aux photographes et aux journalistes de bien vouloir le laisser « tranquille avec sa famille ».
Pique-nique avec le clan Bush
Une tranquillité rapidement interrompue. Dans la journée du vendredi 10 août, Nicolas Sarkozy a fait un rapide aller-retour à Paris afin d’assister aux obsèques du cardinal Lustiger, ancien archevêque de Paris, à la cathédrale Nortre-Dame.
Dès le lendemain, le président français devait retrouver Georges W. Bush pour un déjeuner « familial ». Ce devait être un simple pique-nique, autour de hamburgers et de hot-dogs, entre deux dirigeants qui s’apprécient, entourés de femmes et enfants. Une rencontre informelle. Rien de plus qu’une invitation entre bons « voisins », alors que Nicolas et Cécilia Sarkozy ainsi que leurs deux enfants séjournent à 100 km de la maison de Walker's Point du clan Bush. Mais le président français est finalement arrivé seul samedi 13 août, Cécilia souffrant d’une angine blanche. Et ce déjeuner entre « amis » a surtout été l’occasion pour Nicolas Sarkozy et George W. Bush de réaffirmer une amitié franco-américaine qui dure depuis 250 ans. Entouré par le président américain et Laura Bush, mais aussi par l'ancien président George H. Bush et sa femme Barbara, le chef d’Etat français a décrit les Etats-Unis comme « le pays de la liberté » et affirmé que la France est « l'amie des démocraties, pas des dictatures ». « Est-ce qu`on est d`accord sur tout ? Non, parce que dans une famille, on peut avoir des désaccords. On peut être des amis et ne pas être d`accord sur tout », a déclaré « Sarko l’Américain ».
Le traditionnel jogging
Ce sont donc des vacances bien remplies que Nicolas Sarkozy a passées au bord du lac Winnipesaukee. Même aux Etats-Unis, le président français ne s’est pas arrêté de courir.
Ecouteurs MP3 sur les oreilles, chaque jour il s’est adonné à son traditionnel jogging. Prenant tout de même parfois le temps de recevoir. Mardi 14 août, le chef de l’Etat a reçu à Springfield Point, la résidence de vacances du couple présidentiel, six étudiants en vacances, employés par une colonie de vacances locales, qui avaient pris la peine de lui envoyer une carte postale. L’occasion pour ces jeunes, âgés de 21 à 23 ans, d’offrir des gâteaux à Nicolas Sarkozy et d’être pris en photo à ses côtés.
Mais c’est souvent en courant qu’il prend la peine de répondre aux questions des journalistes. Lors d’un de ses footings matinaux, Nicolas Sarkozy a mis fin à la rumeur selon laquelle la France envisageait de vendre un réacteur nucléaire EPR à la Libye. « C’est faux, c’est faux ! », a-t-il simplement déclaré, démentant des informations parues dans Le Parisien-Aujourd’hui en France.
Nicolas Sarkozy réagit à la crise financière
Rattrapé par l’actualité, le président français ne pouvait rester passif alors que les Bourses mondiales, secouées depuis quelques semaines par les conséquences et les craintes liées à la crise du marché du crédit américain, continuaient leur plongeon jeudi. Le président a appelé les pays du G7 à se saisir de la crise financière actuelle en proposant des mesures visant à renforcer la « transparence du fonctionnement des marchés ». Le courrier du chef de l'Etat français à la chancelière allemande Angela Merkel -qui assure actuellement la présidence du groupe des sept pays les plus industrialisés- a été rendu public par l'Elysée. Nicolas Sarkozy a proposé que les ministres des Finances du G7, « en liaison » avec les Banques centrales, le Forum de stabilité financière et le FMI, travaillent sur ce sujet et remettent un « rapport d'analyse et de propositions lors de leur réunion d'octobre prochain à Washington ».
Ainsi même en vacances, Nicolas Sarkozy ne s’arrête jamais de travailler. Un président sur tous les fronts, en première ligne sur la plupart des dossiers. Une nouvelle manière de gouverner qui n’est pas pour déplaire aux Français, 64% se déclarant « plutôt satisfaits » de sa façon de faire, selon un sondage Ifop publié le 12 août dans le Journal du dimanche.
Dès demain, le président français revient aux commandes pour une rentrée qui s’annonce rythmée. « Attendez-vous à ce que ça reparte très fort dès la rentrée », avait déclaré Nicolas Sarkozy à ses ministres à l’issue du conseil des ministres du 1er août, juste après leur avoir souhaiter de « bonnes vacances ».