Les Français se souviendront longtemps du contrat première embauche (CPE) et de la mobilisation qu’il a engendrée. Dix semaines durant lesquelles le mouvement social est allé crescendo et a fini par obtenir gain de cause : le retrait du CPE. Un mouvement d’une ampleur inégalée depuis décembre 1995.
Tout a commencé le 16 janvier 2006, lorsque, dans sa « bataille pour l’emploi », Dominique de Villepin annonce la création du CPE. Son but : s’attaquer au chômage des jeunes en créant un contrat réservé aux moins de 26 ans assorti d’une période d’essai de deux ans.
Pour les syndicats de salariés, la gauche ainsi que les principales organisations d’étudiants et de lycéens, ce nouveau contrat n’est en rien un cadeau mais plutôt une porte ouverte à la « précarité généralisée ».
Dès le 24 janvier, une intersyndicale réunissant les principales confédérations, la FSU, l’UNSA et Sud ainsi que les organisations d’étudiants appelle à une journée de mobilisation le 7 février pour exiger le retrait du CPE.
Alors que les députés ont entamé en urgence l’examen du projet de loi sur l’égalité des chances qui crée le CPE, des centaines de milliers de personnes répondent présent malgré les vacances d’hiver et descendent dans la rue.
Alors que le gouvernement reste campé sur ses positions, le mouvement prend rapidement de l’ampleur. Des dizaines d’étudiants occupent la Sorbonne nuit et jour jusqu’à ce que les CRS fassent évacuer l’université qui restera bloquée et fermée. Des manifestations se multiplient dans toute la France, souvent ponctuées par des incidents avec les forces de l’ordre alors que des bandes de jeunes venus des « quartiers sensibles » se livrent à des actes de vandalisme et de violence.
Le samedi 18 mars, la mobilisation franchit un cap : entre 500 000 et 1,5 million de personnes battent le pavé.
Le gouvernement commence à changer de ton. Jacques Chirac demande à ouvrir le dialogue avec les partenaires sociaux. Mais le 24 mars, les cinq confédérations syndicales reçues par le Premier ministre quittent Matignon sans avoir obtenu le retrait du CPE.
Plus d’un million de manifestants descendent à nouveau dans la rue le 28 mars. Malgré tout, Dominique de Villepin reste campé sur ses positions, se disant juste prêt à « aménager » le dispositif. Dès le lendemain, l’intersyndicale appelle à une nouvelle journée de mobilisation le 4 avril.
Le 31 mars, Jacques Chirac promulgue la loi et demande immédiatement un nouveau texte vidant le CPE de son contenu. Un à trois millions de personnes descendent une nouvelle fois dans les rues le 4 avril. Le 10 avril, le président de la République décide de remplacer l’article 8 de la loi sur l’égalité des chances par un dispositif en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes. L’intersyndicale crie victoire et n’appelle pas à une nouvelle manifestation. Le CPE est mort.
Francebourse.com – Manuelle Tilly
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