Fête des Loges : un tour de vis dans la sécurité des manèges
Article du 09/08/2007
A la suite du dramatique accident, samedi, d’un père et de son fils tués dans un des manèges de la Fête des Loges à Saint-Germain-en-Laye, les acteurs de ce secteur, les syndicats représentatifs des forains et les bureaux de vérifications des manèges, l’Institut national du monde festif, l’AMF (Association des maires de France) se sont réunis hier après-midi au ministère de l’Intérieur.
Objectif : remettre à plat les mesures de sécurité qui régissent les attractions foraines.
Quelle sécurité pour les manèges ?
L’accident de la Fête des Loges est le plus grave survenu dans une fête foraine depuis plusieurs années. Plusieurs drames ont été évités récemment. En avril, 23 personnes ont été blessées dans un accident de manège d’un parc d’attractions du Pas-de-Calais. En août 2005, dans l’Oise, quatre personnes ont été grièvement blessées après avoir été éjectées d’une nacelle de type « grand huit », après que celle-ci s'était désolidarisée des autres et avait heurté un poteau. Mais en 2005, un homme de 46 ans est décédé en se penchant hors d’une nacelle, sa tête heurtant le bras central du manège.
De l’avis du monde forain, il était donc temps désormais de revoir les règles de contrôles des manèges. Il existe actuellement un seul texte sur le sujet : un protocole d’accord de 1983 qui prévoit un contrôle triennal des attractions.
Hier, la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a annoncé la signature « dans les huit jours », selon le représentant des forains Marcel Campion, d’une convention pour renforcer la sécurité des manèges,
Cette convention entre l’Intérieur, le secrétariat d’Etat à la consommation, celui à l’Industrie, les forains, les fabricants et l’Association des Maires de France, sera suivie d’un « projet de loi » pour lui donner un « support juridique plus solide », a indiqué Michèle Alliot-Marie.
Selon la ministre, « trois principes majeurs ont été retenus » pour la convention à venir, dont « l’obligation générale de sécurité dans la construction, l’entretien et l’exploitation des matériels et l’obligation des contrôles techniques ».
Enfin, les organismes de contrôle devront être « agréés par l’Etat avec un agrément régulièrement réactualisé ».
La ministre de l’Intérieur et les forains se sont également accordés sur la nécessité de limiter la vitesse des manèges, parce qu’il « n’est pas possible de continuer à aller comme cela vers le toujours plus, au-delà même du raisonnable », a estimé Michèle Alliot-Marie.
Par la suite, le projet de loi précisera notamment « les conditions du contrôle » des manèges, de même que celles permettant « l’agrément des organismes de contrôle » par l’Etat.
Un « classement » des manèges sera établi en fonction des risques, au vu de la vitesse ou des secousses qu’ils engendrent : les plus exposés ne seront plus contrôles « uniformément tous les trois ans » mais plus fréquemment. Les manèges forains seront donc répartis en quatre classes : « manèges enfantins, chevaux de bois à l’ancienne, grande roue et manèges à grande vitesse ». Un classement en fonction de la dangerosité qui permet de « dépoussiérer » la réglementation actuelle, qui date de 1983.
Enfin, ce texte sera appuyé par « un décret et deux arrêtés qui donneront un support juridique plus solide à cette convention que chacun a décidé de signer ».
On dénombre en France 35.000 attractions foraines, stands et boutiques compris, un secteur qui génère 200 000 emplois.
« Un défaut de fabrication » à l’origine du drame
Selon les premiers éléments de l’enquête, l’accident du manège Booster serait dû à un « défaut de fabrication et de conception ».Hier soir, la ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie a interdit « jusqu’à nouvel ordre » l’accès aux autres manèges de type Booster en France. Huit Booster, sur les 30 existant dans le monde, sont exploités dans l’Hexagone.
Samedi, en fin d’après-midi, deux homme, âgés de 48 ans et 21 ans, ont trouvé la mort sur le manège Booster, un engin datant de trois ans, composé d’un grand axe qui tourne avec deux nacelles, pouvant emporter chacune quatre passagers, à chaque extrémité. L’un des supports d’une nacelle s’est ouvert, entraînant la chute de celle-ci. Deux autres passages de la nacelle accidentés ont été blessées : il s’agit de l’oncle et du frère de 14 ans du jeune homme tué.
Une information judiciaire pour « homicide involontaire » a été ouverte.