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Tabac : le paquet augmente de 6%

Article du 06/08/2007
Un billet de 5 euros ne suffit plus. A compter de ce lundi, il faudra ajouter 30 centimes pour acheter un paquet de Marlboro, marque de cigarettes la plus vendue en France. Ce sont les fabricants qui ont cette fois décidé de cette augmentation de 6%. Estimant le marché stabilisé, ils souhaitent reconstituer des marges écornées par les hausses de taxes du gouvernement Raffarin.
Chaque trimestre, les fabricants ont en effet la possibilité d'ajuster leurs prix, d'introduire de nouvelles références ou d'en retirer d'autres. Mais la vente du tabac en France étant un monopole d’Etat confié aux débitants de tabac, ils sont tenus de déposer une liste auprès du ministère du Budget, responsable de l'homologation des prix du tabac.
Cette fois, il ne s’agit donc pas d’une hausse de la fiscalité. Avec des taxes de 80% sur le prix d’un paquet de cigarettes, la France est déjà l’un des pays les plus taxateurs de l’Union européenne en la matière. Selon Les Echos, Bercy estime à 100 millions d’euros le surplus de rentrées fiscales en 2007, entre 350 et 400 millions d’euros en 2008. Autres bénéficiaires de cette hausse des tarifs : les industriels et les buralistes, qui perçoivent respectivement 11,62 % et 8 % du prix de vente.
Cependant la Confédération des buralistes français est inquiète. Elle a exprimé « ses vives préoccupations », redoutant une augmentation « des achats transfrontaliers et de la contrebande ». « C'est trop tôt et trop fort », a estimé René Le Pape, président de la Confédération, cité dans un communiqué. « Ce nouveau risque de déstabilisation de notre réseau de proximité s'ajoute aux autres menaces qui s'annoncent avec l'application prochaine du décret d'interdiction de fumer dans les bars-tabacs », ajoute-t-il.
Mais le ministre du Budget Eric Woerth s’est voulu rassurant. Il a affirmé avoir « donné des instructions aux services des douanes, afin de renforcer les contrôles dans les zones et sur les axes sensibles pour empêcher toute reprise des petits trafics de proximité (...) qui sont les plus nuisibles au réseau des débitants de tabac. » Il a réaffirmé que la lutte contre le tabagisme était « une priorité gouvernementale dans le cadre de la politique de santé publique ». « Mais le gouvernement est pleinement conscient du rôle économique et social que joue au quotidien les débitants de tabac en assurant une présence sur l'ensemble du territoire y compris dans les zones rurales défavorisés et les quartiers difficiles », a-t-il ajouté.
En 2003, un « contrat d’avenir » avait été signé entre les buralistes et le gouvernement afin de soutenir la filière, comprenant des aides financières et fiscales, ainsi qu'un volet de diversification des activités. Et un nouveau contrat a été signé en décembre pour la période 2008-2011. Selon Eric Woerth, « le bilan du premier contrat d'avenir est largement positif, en particulier dans les départements frontaliers où il a permis de pallier les baisses des volumes de tabacs vendus ».

80% des salariés travaillent dans des lieux non-fumeurs

Peu à peu la France rejoint l’Irlande, l’Italie, la Suède, la Grande-Bretagne, Malte et l’Espagne dans la lutte anti-tabac.
La loi du 10 janvier 1991, dite « loi Évin », posait le principe de l’interdiction de fumer dans tous les locaux à usage collectif. Mais en pratique, cette interdiction ne s’appliquait que dans les emplacements expressément réservés aux non-fumeurs.
Depuis le 1er février dernier, les Français sont interdits de tabac dans les entreprises et les administrations, au risque de s’exposer à une amende forfaitaire de 68 euros. Un changement qui s’est déroulé sans heurt. 80% des salariés déclarent aujourd'hui travailler dans des lieux totalement non fumeurs (sans fumoir), contre 42 % en janvier. Pour l'Office français des drogues et toxicomanies (Ofdt), l'entrée en vigueur du décret est un succès, notamment dans les entreprises. Il est certes trop tôt pour établir un bilan, mais l'Ofdt note dors et déjà que les ventes de produits d'aide à l'arrêt du tabac (patchs, gommes à mâcher, traitements médicaux) ont augmenté de 56% depuis le début de l'année.
Des espaces sans fumée. Les Français peuvent commencer à s’y habituer. Car à partir du 1er janvier 2008, la cigarette sera également interdites dans les cafés, les hôtels, les restaurants, les discothèques.
Ces lieux conviviaux le seront-ils autant une fois que les cigarettes seront définitivement éteintes ? Bien acceptée dans les autres pays européens, cette interdiction totale de fumer dans les lieux publics le sera-t-elle également par les Français ?
Il semblerait que oui, à en croire un sondage TNS-Sofres selon lequel une majorité de Français sont favorables à une interdiction de fumer dans les restaurants (72%), les cafés (64%) et les discothèques (60%).

Des ventes de tabac stables

Au niveau européen, aucune législation harmonisant les interdictions de fumer dans les espaces publics dans les Etats membres n’existe à l’heure actuelle. Mais l'Union européenne pourrait un jour adopter une directive à ce sujet. Le 30 janvier 2007, un Livre vert a été présenté par la Commission européenne à ce sujet.
Selon une étude Eurobaromètre publiée en janvier 2006, une majorité des citoyens de l’UE semble favorable à l’interdiction de fumer dans les lieux publics.
Mais si 86 % des Européens sont favorables à une interdiction totale de fumer sur les lieux de travail, seuls 40% sont pour l’appliquer dans les bars.
Avec une nouvelle hausse du prix des cigarettes et bientôt l’interdiction de fumer dans les lieux publics, le tabagisme reculera-t-il ?
Après deux hausses des tarifs très importantes en 2003, et une troisième de 8 à 10% en janvier 2004, les ventes de cigarettes avaient plongé de 30 %. Mais elles ont depuis tendance à se stabiliser, et sont même légèrement reparties à la hausse depuis un an, avec notamment une recrudescence est observée chez les jeunes.
En France, 14,9 millions de personnes fument régulièrement. Et selon un rapport de l’organisation mondiale de la santé (OMS) publié en mars dernier, sur les quelque 5 900 décès dus au tabagisme passif (5 000, selon le ministère), 5 574 victimes l’auraient subi à domicile, et 289 au travail dont 25 dans les bars ou autres lieux dits de « convivialité ».

Francebourse.com – Manuelle Tilly, avec AFP
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