Automobile : les constructeurs américains reprennent du poil de la bête
Article du 01/08/2007
L’heure est au soulagement chez les deux principaux constructeurs automobiles américains General Motors et Ford. Après des années noires, ils semblent en passe de redresser leur situation grâce à d’énergiques programmes de restructuration.
Après Ford la semaine dernière, General Motors a surpris les marchés hier en annonçant un bénéfice net pour le deuxième trimestre de 891 millions de dollars, contre une perte nette de 3,4 milliards sur la même période l'an passé. Ajusté des éléments exceptionnels – provision pour restructuration et charge liée à l’engagement financier de GM pour aider à la restructuration de son ex-filiale, l'équipementier Delphi –, le bénéfice grimpe même à 1,4 milliard de dollars.
Il s’agit pour GM du troisième trimestre consécutif dans le vert depuis que le constructeur a entamé une vaste restructuration de ses activités automobiles en Amérique du nord, fin 2005. Pour mémoire, le groupe avait accusé une perte de 1,9 milliard de dollars sur l’ensemble de 2006, après une perte nette record de 10,6 milliards en 2005. Pour le constructeur américain, qui pourrait être détrôné cette année de sa place de leader mondial par le japonais Toyota, ce rétablissement est plus que salutaire.
Côté chiffre d'affaires, GM a également surpris avec des revenus de 46,8 milliards de dollars (- 13 %, lié à la réduction des capacités de production du groupe en Amérique du nord), contre 44,45 milliards envisagés par le marché.
Dans son ensemble, c’est-à-dire avec toutes les régions du monde, la division automobile est repassée dans le vert avec un bénéfice net de 618 millions de dollars contre une perte de 3,48 milliards un an plus tôt. Quant à l’Amérique du nord – talon d’Achille du groupe –, la région « a fait de vrais progrès, mais il est vrai que nous avons encore à faire, même si nous ne sommes pas loin du passage à la rentabilité », a commenté le PDG Rick Wagoner dans un communiqué.
Le fait que GM fasse des bénéfices dans toutes les régions du monde « est, nous pensons, une première pour un deuxième trimestre depuis au moins dix ans », souligne la banque d’investissement Bear Stearns dans une note.
Autre bon point pour General Motors, le revenu par véhicule vendu a considérablement augmenté d’une année sur l’autre à 21 375 dollars contre 19 835 dollars. Les acheteurs ont privilégié les véhicules 4x4 sur lesquels les marges sont plus importantes et aussi des degrés de finition supérieurs, explique le groupe.
Par ailleurs, GM a indiqué toujours tabler sur une cession de sa filiale Allison avec une finalisation en vue au 3e trimestre, en dépit des récentes informations selon lesquelles le fonds acheteur Carlyle a du mal à financer l'opération en raison des difficultés actuelles du marché du crédit.
Retour des bénéfices chez Ford également
Ford de son côté, le deuxième constructeur automobile national, avait annoncé jeudi dernier qu’il était également repassé dans le vert au deuxième trimestre avec un bénéfice net de 750 millions de dollars, comparé à une perte de 317 millions au deuxième trimestre 2006.
Le constructeur automobile Ford a également surpris côté chiffre d’affaires, affichant une hausse de 5,5 % des ventes à 44,2 milliards de dollars, un chiffre supérieur aux attentes du marché.
Le constructeur américain poursuit sa cure d’austérité, dégageant 600 millions de dollars d’économies en interne sur le trimestre, après 500 millions au premier trimestre. Le prix à payer : 6 400 suppressions de postes en Amérique du Nord.
Par ailleurs, Ford « explore actuellement plus en détails une possible vente de l’ensemble combiné (Jaguar et Rover, ndlr) et est en discussion avec des parties intéressées », indique-t-il dans un communiqué.
Quant au sort de la marque Volvo, dont une cession est souhaitée par la communauté financière, Ford toujours aussi évasif : le groupe mène également un examen stratégique de sa filiale suédoise Volvo qui devrait être vraisemblablement conclu d’ici la fin de l’année.
Ford démantèle peu à peu son pôle de luxe depuis la cession d’Aston Martin en mars qui a en partie impacté sur le un gain exceptionnel de 443 millions de dollars.
La vente de ses marques de luxe apporterait une bouffée d’air frais à Ford qui est en pleine restructuration, après une perte nette de 12,6 milliards de dollars en 2006.
Des similitudes d’appréciation
Enfin, les analystes financiers ne regardent pas seulement les résultats. Les trois constructeurs américains (GM, Ford et Chrysler) viennent d’engager des négociations avec le syndicat du secteur UAW sur le renouvellement de la convention collective.
Si ces négociations, qui vont durer plusieurs mois, aboutissent, les « Big Three » pourraient réaliser de substantielles économies sur leurs charges sociales qui les handicapent par rapport à leurs concurrents asiatiques.
Aux Etats-Unis, c'est l’employeur qui assure la couverture sociale de ses employés et qui finance l’essentiel de leur retraite.
Le fabricant de pneumatiques américain Goodyear a signé en décembre dernier un accord prévoyant un transfert des charges sociales vers un fonds paritaire. Selon Himanshu Patel de la banque JP Morgan, GM pourrait obtenir de l’UAW des concessions similaires ce qui améliorait encore davantage sa situation financière.