Ségolène Royal, après la "défaite", de "nouvelles perspectives"
Article du 17/07/2007
Il aura fallu plus de deux mois aux Eléphants du PS pour se mettre à table. Hier, sous la houlette de leur candidate déchue en finale de la présidentielle, une trentaine de socialistes – et notamment les plus proches de Ségolène Royal – se sont réunis à huis-clos dans une salle de l’Assemblée Nationale.
Dresser un bilan …
Un peu plus de deux mois après la défaite socialiste à la présidentielle, Ségolène Royal tire un bilan « sans complaisance et sans masochisme » de sa défaite, un mot qu’elle prononce pour la première fois. La socialiste dit avoir « beaucoup appris pendant la campagne. J’ai compris aussi mes forces et mes faiblesses », a-t-elle déclaré à l’issue de la réunion. « Certes, nous avons perdu mais nous avons aussi fait des choses extrêmement positives. C’était une belle campagne, on en est fier », a-t-elle ajouté.
Côté forces, elle a rappelé que « même s’il y a eu défaite, il ne faut pas renoncer à tout ce qui a fait lever ce formidable élan pendant la campagne », insistant sur les « éléments refondateurs » qui se sont levés.
Parmi les dites faiblesses, elle a notamment estimé que « l’élaboration du pacte présidentiel est intervenue très tard par rapport à celui de Nicolas Sarkozy, qui lui était prêt beaucoup plus tôt ». Ségolène Royal a reconnu les difficultés de « traduction » de ses concepts et le « manque de réactivité », notamment à la télévision. Elle a regretté aussi que la « greffe avec le parti » dans la deuxième phase de campagne ait dû se faire « dans l’urgence ».
Mais hors de question de tomber dans les lamentations. « La campagne, c’est la campagne, on ne va pas revenir là dessus tout le temps », a tranché François Rebsamen, l’ancien co-directeur de campagne de la candidate socialiste.
... pour « ouvrir de nouvelles perspectives »
Il est grand temps désormais pour le PS de réfléchir sur lui-même. L’échec de la candidate mais surtout le départ voire la mutinerie de certains socialistes au profit du gouvernement d’ouverture de Nicolas Sarkozy – dernier en date, celui de Jack Lang (cf ci-dessous) – ont soulevé bien des questions quant au rôle et à la structure même du parti.
Pour Ségolène Royal, « c’est en prenant le temps de faire ce débat que le PS pourrait tirer au mieux les conséquences positives de cette campagne sans en perdre les atouts, en ayant une idée bien précise de ce qu’il faut impérativement améliorer pour que le PS devienne attractif ».
Motivée par l’élan de soutien qui a eu lieu envers le PS pendant la campagne et notamment la multiplication des adhésions de militants, Ségolène Royal entend bien « ne pas renoncer à tout ce qui a fait lever ce formidable élan ».
Parmi ces éléments, « il y a en particulier tous les concepts nouveaux, telles que la nouvelle façon de faire la politique avec la démocratie participative et la reconquête d’un certain nombre de thèmes qui avaient été abandonnés par la gauche comme la valeur travail et l’ordre juste », a-t-elle précisé.
Car, pour François Rebsamen, à l’origine de l’échec du 6 mai, « les tendances sont lourdes, profondes, et ne datent pas d’aujourd’hui », qui note que, depuis 1993, « le PS ne vole pas de succès en succès ».
Première synthèse de ces réflexions : le 25 août à Melle (Deux-Sèvres) à l’occasion de la Fête de la Rose. Ce sera ensuite le temps de l’université d’été du PS à La Rochelle, fin août. L’ex-candidate a assuré qu’elle viendrait « régulièrement » restituer le produit de ces réflexions collectives devant « les instances du parti », en particulier « devant le bureau national du PS ».
Entre temps, Ségolène Royal ne compte pas abandonner le terrain et les militants socialistes. Avec peut-être derrière la tête l’idée de prendre à terme la tête du parti. « J’ai confiance, je suis optimiste, nous allons reconstruire, nous allons rénover, accompagner la société française, répondre au désarroi et aux attentes des militants. Je suis là et bien là (...), je serai là et bien là au sein du parti socialiste ! »
Jack Lang, hors PS
Même si Ségolène Royal s’affiche résolument optimiste, la direction du PS a du accueillir une énième mauvaise nouvelle avec l’annonce de Jack Lang qui devrait donc siéger au comité de réflexion sur une réforme des institutions installé par Nicolas Sarkozy
Ce comité de 12 à 15 membres, que le président Sarkozy a voulu « au-dessus des partis », doit envisager d’importantes réformes, dont une éventuelle dose de proportionnelle au Parlement ou la possibilité pour le chef de l’Etat de s’exprimer devant le Parlement. Il sera présidé par l’ancien Premier ministre Edouard Balladur mais comptera des personnalités de gauche, une nouvelle manifestation de « l’ouverture » pratiquée par Nicolas Sarkozy, qui a déjà rassemblé au sein de son gouvernement plusieurs socialistes.
L’ancien ministre socialiste Jack Lang rejoint donc l’équipe gouvernementale avec l’argument que « la constitution n’appartient ni à un clan ni à un parti » et que « chacun, quelle que soit sa famille de pensée, a le devoir d’apporter sa pierre à la refondation de notre constitution », a-t-il expliqué sur TF1 pour justifier son choix.
Une attitude hautement appréciée par Nicolas Sarkozy qui a déclaré : « je veux, dans les circonstances actuelles, lui dire que je rends hommage à son sens de l’intérêt général, et lui témoigner mon respect et mon estime, à un moment où il me semble que sa famille politique ne lui témoigne ni l’un ni l’autre, lui reprochant simplement d’être un homme ouvert, ouvert d’esprit et ouvert de pratique ».