La France pourrait bientôt passé sous la barre des 2 millions de chômeurs. Avec une baisse de 25 300 demandeurs d'emploi en avril, ils sont désormais 2 011 300, soit 8,2% de la population active, selon les chiffres diffusés mercredi soir par le ministère de l'Economie des Finances et de l'Emploi sur la base des données provisoires de l'INSEE.
La baisse a concerné toutes les catégories d'actifs, dont les jeunes (-1,7 %) et les chômeurs de longue durée (-2,4 %).
Les chiffres d’Eurostat sont attendus demain. En mars, l’office statistique européen avait revu le taux de chômage à la hausse, de 0,4 point, à 8,7 % de la population active, relançant la polémique sur la fiabilité du taux de chômage en France. Pour Eurostat et l’OCDE, le taux « provisoire » se situe plutôt à 8,6 % de la population.
Quoiqu’il en soit, la France demeure un des mauvais élèves de la zone euro. Elle fait à peine mieux que la Pologne (11,8%) et la Slovaquie (11%).
On est encore loin de l’objectif de plein-emploi de Nicolas Sarkozy. Le ministre de l'Economie, des Finances et de l'Emploi, Jean-Louis Borloo, a du pain sur la planche pour parvenir à un taux de chômage de 5% d’ici 2012.
Malgré ce recul en avril, 21% de jeunes ayant achevé leurs études sont encore à la recherche d’un emploi, 7,4% chez les 25-49 ans et 5,5% chez les plus de 50 ans. Les chômeurs longue durée sont au nombre de 555 000.
C’est notamment les créations d’emplois qui ont permis d’accélérer la tendance à la baisse : 93 600 au premier trimestre selon des données provisoires. Un record depuis 2001.
Par ailleurs, si les inscriptions à l’ANPE augmentant légèrement sur les trois premiers mois de l’année, les licenciements reculent. Et les sorties de l’Agence pour reprise d’emploi ont augmenté de 1%.
Polémique
Des données encourageantes mais qui ne font pas reculer la polémique sur la fiabilité du taux de chômage communiqué par le gouvernement français. Au 1er rang des contestataires : le collectif les Autres chiffres du chômage (ACDC), qui reproche notamment aux pouvoirs publics de ne prendre en compte que la seule catégorie 1 (chômeurs en recherche de CDI et disponibles immédiatement) alors qu'il existe dans les statistiques de l'ANPE huit catégories de demandeurs d'emploi.
ACDC met également en avant le fait que « l'évolution du nombre d'inscrits à l'ANPE est inévitablement sujette à des variations liées non pas au chômage mais aux modes de gestion de l'agence. Ce phénomène s'est considérablement aggravé dans les années récentes avec la multiplication des réformes renforçant la pression sur les demandeurs d'emploi ».
Pour le collectif, « il n'est plus possible de continuer à focaliser le débat public sur un chiffre aussi fragile au seul motif qu'il est disponible mensuellement ».
Mardi, plusieurs chercheurs et statisticiens ont contesté l'intérêt d'une publication des chiffres du chômage tous les mois lors des « Etats généraux des chiffres du chômage et de la précarité », organisés par le collectif ACDC, des syndicats du ministère de l'Emploi, de l'Insee et de l'ANPE, et des associations de chômeurs (AC!, MNCP). Pour eux, ces publications mensuelles ne rendent pas compte de la précarisation de l'emploi.
Les chiffres du chômage publiés mensuellement sont issus des demandeurs d'emplois inscrits à l'ANPE, tandis que l'Enquête Emploi de l'Insee repose sur des entretiens avec 75 000 Français, sur la base de la définition du taux de chômage du BIT (Bureau international du Travail).