USA: le patron de la Fed inquiet sur l'inflation, déçoit les marchés

Le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, a semblé exclure mardi tout assouplissement monétaire futur, en mettant en garde contre une "hausse malvenue de l'inflation", faisant plonger des marchés fragilisés par la montée des incertitudes sur les banques.

"Aider les marchés financiers à revenir à un fonctionnement plus normal continuera d'être une priorité de la Réserve fédérale", a assuré M. Bernanke, alors que les bourses mondiales connaissaient de fortes turbulences.

Son intervention a été initialement mal reçue par Wall Street, dont le principal indice, le Dow Jones, cédait 200 points au début de son intervention.

Au même moment, le président George W. Bush exprimait, lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche, sa confiance dans les fondations de l'économie américaine même s'il a reconnu qu'elle traversait une période difficile.

"En général, une croissance économique saine dépend de marchés financiers fonctionnant bien", a souligné M. Bernanke dans son discours bi-annuel au Congrès, quelques jours après que la Fed et le Trésor eurent volé au secours des géants du refinancement hypothécaire Fannie Mac et Freddie Mae.

Il a noté que de nombreux marchés et institutions financières "restent sous forte pression" notamment parce que "les perspectives économiques, et de ce fait la qualité du crédit, restent incertains".

Mais l'essentiel de son discours a été consacré à la situation économique et à la difficulté de démêler les risques pesant sur la croissance et l'inflation.

D'un côté, il a annoncé que le comité de politique monétaire (FOMC) de la Réserve fédérale avait fortement révisé à la hausse ses prévisions de croissance pour cette année, qui devrait s'établir entre 1,0% et 1,6%, au lieu de 0,3% à 1,2% prévus en avril.

Cela reste une croissance "notablement" en dessous du rythme de croisière de l'économie américaine, a souligné M. Bernanke. Mais la première économie mondiale échapperait ainsi à la récession.

Dans le même temps, le FOMC a revu en forte hausse ses prévisions d'inflation pour 2008, dans une fourchette de 3,8% à 4,2% (contre 3,1% à 3,4% prévus précédemment). La prévision d'inflation dit "de base" (hors alimentation et énergie) est restée inchangée entre 2,2% et 2,4%.

"Une responsabilité cruciale des gouverneurs de la banque centrale est d'empêcher que ne s'installe le processus" où le public se met à attendre une inflation durablement plus forte, a souligné M. Bernanke.

Cela risquerait d'influencer la fixation des salaires et des prix, menant à "une hausse malvenue de l'inflation à long terme", a-t-il ajouté.

"A la lumière de la hausse des risques d'inflation, nous devons être particulièrement attentifs à tout signe (...) montrant que les impulsions inflationnistes données par les prix des matières première semblent s'installer dans le processus de fixation des prix et des salaires", a-t-il précisé.

Les marchés attendaient avec anxiété ce discours pour y déceler des indices sur les intentions de la banque centrale concernant son taux directeur, actuellement fixé à 2%. Les inquiétudes exprimées par M. Bernanke sur l'inflation, de même que son regain d'optimisme prudent sur la croissance, ne devraient pas plaider pour de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire.

Du côté de la croissance, M. Bernanke a estimé qu'elle allait "accélérer au cours des deux prochaines années". Selon les prévisions de la Fed, elle devrait s'établir entre 2,0% et 2,8% l'an prochain et entre 2,5% et 3% en 2010.

Mais "des incertitudes considérables entourent" les prévisions et les responsables de la Fed estiment que celles-ci pourraient s'avérer trop optimistes, a-t-il ajouté.