Après un entretien hier au ministère, alors que la flambée des prix du brut inquiète de plus en plus les consommateurs, le patron de Total, Christophe de Margerie, a annoncé un coup de main supplémentaire de la part de la major. Le groupe pétrolier va en effet verser 102 millions d’euros pour contribuer une nouvelle fois au financement de la « prime à la cuve de fioul ».
A la demande du gouvernement, Total a déjà participé cet hiver au financement de la « prime à la cuve » à hauteur d’une même enveloppe. Ce dispositif, auquel participent également d’autres distributeurs pétroliers, a été mis en place fin 2007 pour faire face à l’envolée des prix du pétrole qui alourdit la facture pour les foyers les plus modestes : la prime est alors passée de 75 à 150 euros. Selon Bercy, quelque 700 000 foyers fiscaux en ont déjà bénéficié cette année et le fonds social mis en place pour le financer se monte au total à quelque 140 millions d’euros.
Mais alors que la tendance au renchérissement des prix du brut ne se calme pas, cette mesure gouvernementale affirme sa nécessité. Le montant de la prime pourrait même augmenter et passer de 150 à 200 euros, a indiqué la ministre de l’Economie Christine Lagarde.
Si la prime prenait 50 euros, la contribution représenterait entre 140 et 200 millions d'euros, selon le porte-parole du gouvernement Luc Chatel. Un montant qui n’a été confirmé ni par la ministre ni par le patron de Total.
Multiplier les efforts de soutien
Comme lors d’une précédente rencontre avec les distributeurs et l’industrie pétrolière en novembre dernier, la profession a aussi renouvelé son engagement de « systématiquement répercuter les baisses du prix du baril à la pompe, le plus vite possible, et d’autre part de lisser sur des périodes d’au moins quatre semaines toutes les hausses du prix du baril », a indiqué la ministre de l’Economie.
Total s’est dit prêt à aider le gouvernement à trouver des idées pour « une meilleure stabilité du prix sur les marchés pétroliers », a ajouté Christine Lagarde.
La major française s’est en outre engagée à « financer la recherche dans les énergies renouvelables ».
Autant d’annonces de bon aloi pour Total qui est soumis à des pressions politiques croissantes pour qu’une partie de ses bénéfices colossaux vienne alléger la facture des ménages français. Grâce à la flambée des prix du pétrole, Total a dégagé en 2007 le plus gros bénéfice de toutes les entreprises françaises, plus de 12 milliards d’euros, bien qu’en léger repli par rapport à 2006.
Ce week-end, les pressions s’étaient multipliées. Ségolène Royal avait estimé que les « profits » de Total étaient « un bien collectif » qui devait être « prélevé » en faveur des énergies renouvelables. Dixit Bertrand Delanoë, les dirigeants de Total « se goinfrent » et il faut les « taxer » davantage. A l’UMP, le secrétaire d’Etat aux Transports, Dominique Bussereau, avait appelé le groupe à faire preuve de « solidarité ».
