Economie mondiale : La stagflation « est devenue réalité »
Article du 22/05/2008
La stagflation « est devenue réalité aux Etats-Unis et va probablement arriver en Europe bientôt », explique dans une note Joachim Fels, stratégiste obligataire en chef de Morgan Stanley. L’analyste cite « au moins cinq points communs importants entre les années 1970, caractérisées par la stagflation, et la situation actuelle » : l’augmentation des prix de l’alimentation et de l’énergie qui « poussent le chiffre de l’inflation vers des sommets », une politique monétaire « très laxiste à l’échelle mondiale », une exportation de la politique monétaire accommodante des Etats-Unis qui conduit à « un dollar faible ». S’y ajoute un « ralentissement brutal des gains de productivité » par rapport à la décennie précédente et « une pression compétitive » venue d’Asie (le Japon et la Corée dans les années 1970, la Chine dans les années 2000) qui favorise « des mesures protectionnistes aux Etats-Unis et en Europe » et alimente « une humeur anticapitaliste dans les sociétés occidentales ».
La stagflation est une combinaison de croissance faible ou nulle et de hausse générale des prix. « Même si je ne m’attends pas au retour d’une inflation à deux chiffres que nous avons vue dans les années 1970 aux Etats-Unis et dans beaucoup de pays européens, je prévois une période prolongée de stagnation économique relative et de taux d’inflation élevés dans les économies avancées », explique Joachim Fels. « L’argent facile est coupable », selon lui. L’économiste a calculé que « le taux directeur mondial s’élève à 4,3 %, tandis que l’inflation mondiale dépasse les 5 % » faisant que « le taux directeur mondial réel est négatif ».
Le stratégiste de Morgan Stanley a enfin critiqué la théorie selon laquelle le ralentissement économique calmera l’inflation, estimant que « l’inflation est une tendance croissante presque partout » et que les « facteurs mondiaux de nos jours sont un déterminant (à l’inflation) beaucoup plus important que les facteurs nationaux », avec l’augmentation de la demande de matières premières des pays émergents.