Politique : Cacophonie dans la majorité au sujet des 35 heures
Article du 20/05/2008
Dans la majorité, la question des 35 heures hebdomadaires de travail, mesure qui fête son dixième anniversaire, divise. L’UMP a plaidé hier pour un démantèlement définitif des 35 heures, par la voix de son secrétaire général Patrick Devedjian, alors que le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a réaffirmé qu’il n'entendait pas toucher à la durée légale du travail.
Hier, Patrick Devedjian a souhaité en marge du point de presse hebdomadaire de l’UMP que « le dispositif soit définitivement démantelé » et précisé que « la négociation sociale fixerait la durée contractuelle du travail dans chaque entreprise » et « le régime des heures supplémentaires ».
Pour désamorcer une éventuelle polémique, Xavier Bertrand, promu fin mars secrétaire général adjoint de l’UMP, a corrigé le tir dans l’après-midi, soulignant qu’il n’était pas question d’abandonner la « durée légale du travail à 35 heures » mais qu’il s’agissait de « sortir du carcan des 35 heures imposées partout et pour tous ». Le ministre a relevé que la référence des 35 heures servait notamment de seuil de déclenchement pour les heures supplémentaires, un des socles du slogan « travailler plus pour gagner plus » de Nicolas Sarkozy. Une loi permettra, à partir de début 2009, aux entreprises de négocier de « la souplesse », notamment sur ces heures supplémentaires, a-t-il précisé.
Le président Sarkozy a immédiatement abondé dans ce sens, assurant que le ministre du Travail avait, « comme toujours, bien parlé ». Mais personne n’ignore l’hostilité de Nicolas Sarkozy à cette loi. En janvier, les propos du président sur la « fin » des 35 heures avaient déjà déclenché des remous. Vendredi, en déplacement à Melun, Nicolas Sarkozy est revenu sur le sujet : « c’est quand même une affaire extraordinaire ces 35 heures. Il n’y a plus d’augmentation de salaire, plus de discussion de salaire, donc socialement c’est une catastrophe, et économiquement il n'y a pas un pays qui nous a imités ».
Autre raison de la cacophonie qui règne dans la majorité à ce sujet : le 6 mai, le Premier ministre François Fillon avait déclaré que l’objectif de « la libération du travail » engagée par son gouvernement était « de sortir définitivement » la France « du carcan des 35 heures ».
Le 19 mai 1998, était votée à l’Assemblée nationale la première loi Aubry, fixant la durée hebdomadaire du « travail effectif » à 35 heures pour les entreprises de plus de 20 salariés.