Cette semaine, Euler Hermes a présenté cette semaine ses résultats trimestriels. Des chiffres attendus de la part du numéro de l’assurance-crédit.
Malgré un contexte plus que morose pour l’économie mondiale et une mauvaise passe pour le secteur de l’assurance, Euler Hermes affiche une croissance commerciale de 5,4 % au titre du premier trimestre (chiffre consolidé) et réalise un résultat opérationnel de 74,4 millions d’euros.
Euler Hermes est le leader mondial de l’assurance-crédit et l’un des leaders de la caution et du recouvrement de créances commerciales. Euler Hermes est une filiale d’AGF, membre d’Allianz.
Avec 6 000 salariés présents dans 50 pays avec une part de marché de 36 %, Euler Hermes offre une gamme complète de services pour la gestion du poste clients. Le groupe accompagne le développement commercial de ses clients, près de 40 millions d’entreprises, sur leur marché domestique comme à l’export.
La mission principale de la société est d’aider le développement commercial des entreprises en les assurant contre le risque d’insolvabilité de leurs clients, quels que soient leur taille, leur secteur d’activité ou leur pays d’origine.
Un acteur de l’assurance-crédit centenaire
Euler Hermes est un groupe aujourd’hui centenaire. Il trouve ses racines dans la structure américaine ACI (1983) et dans la société allemande Hermes Kreditversicherungs-AG fondée en 1917. Les structures anglaise Trade Indemnity, française SFAC, fondée par de grandes compagnies d’assurance dont les Assurances Générales (prédécesseurs des AGF) et la Compagnie Suisse de Réassurance, et italienne, SIAC, datent respectivement de 1918 et de 1927.
En 1949, Hermes devient le garant des opérations de crédit à l’export de la République Fédérale d’Allemagne, en coopération avec Deutsche Revisions - und Treuhand AG.
Pendant les Trente Glorieuses, Hermes est de plus en plus actif en Allemagne et développe de nouvelles activités de « credit management » en ajoutant à sa gamme des services de caution et de garantie.
En France, se créé la holding Compagnie Financière SFAC (1989). Cette dernière grossit et devient Euler en 1996 quand les AGF en deviennent l’actionnaire majoritaire. Durant la décennie 1990, la SFAC comme Hermes s’engagent dans une politique de croissance internationale en faisant l’acquisition de compagnies d’assureurs crédit de premier plan et en créant de nouvelles filiales.
Après avoir pris le contrôle de la SIAC en 1998, Hermes passe un accord de coopération avec Euler en 1999 afin de coordonner leur développement international. L’année suivante, le 27 avril 2000, Euler est coté à la Bourse de Paris, au premier marché d’Euronext Paris. En septembre 2001, le groupe Allianz et les AGF annoncent leur intention de regrouper leurs filiales respectives d’assurance-crédit au travers de l’acquisition de Hermes par Euler. En juillet 2002, la structure française rachète Hermes au groupe Allianz d’où la naissance d’Euler & Hermes. Afin d’harmoniser l’ensemble des marques du nouveau groupe, les différentes filiales adoptent le nom Euler Hermes ainsi qu’une nouvelle identité visuelle commune.
Une activité très spécifique
En quelques mots, le rôle de l’assurance-crédit est de garantir la bonne fin d’une opération commerciale, matérialisée par une commande, une livraison et une facturation, contre le risque de non-paiement.
Dans ce domaine, Euler Hermes est un acteur ancien, expérimenté et mondialement reconnu. Il jouit d’une connaissance approfondie des rouages du commerce local et international et d’une connaissance des risques d’entreprises sans équivalent dans le monde. Par son positionnement worldwilde, Euler Hermes a la capacité de gérer techniquement des flux d’informations considérables, de manière intégrée au niveau mondial.
Euler Hermes expose ainsi sa mission : « accompagner les entreprises dans leur développement commercial à travers le monde en sécurisant et en optimisant la gestion de leur poste clients ».
Euler Hermes développe son business dans trois domaines principaux Le premier concerne le recouvrement des créances commerciales pour les entreprises non assurées. Ce service est intégré à tous les contrats d’assurance-crédit Euler Hermes mais est également proposé aux entreprises non assurées par toutes les entités du groupe.
Le second traite du refinancement de créances commerciales. « Le refinancement de créances commerciales recouvre notamment des prestations de titrisation des créances commerciales, les partenariats avec des sociétés d’affacturage et la participation dans la réalisation d’opérations de financement », explique Euler Hermes.
Enfin, le groupe propose des produits fondés sur le grade Euler Hermes. Dans le jargon, le grade renvoie au système de notation interne qui qualifie l’ensemble des acheteurs du groupe.
Euler Hermes a pour stratégie de concevoir des solutions de notation. Celles-ci pourront notamment prendre la forme de notation de portefeuilles bancaires conformément à la nouvelle réglementation de Bâle, et de qualification du risque de portefeuilles diversifiés dans le cadre de montages financiers.
Du côté des services, Euler Hermes propose donc des prestations d’assurance-crédit. En clair, Euler Hermes assure ses clients contre les pertes découlant des défaillances des acheteurs domestiques ou étrangers et du risque politique. Le groupe met à disposition son expertise de la gestion des risques acheteurs, ses services de prévention et tout un réseau de correspondants locaux. Les pertes sur les créances commerciales impayées couvertes par des polices du groupe sont indemnisées selon une quotité convenue entre l’assureur et son client. La puissance financière d’Euler Hermes constitue un gage de solidité pour protéger les actifs de ses assurés.
Autre service : le financement des créances commerciales. Euler Hermes a créé un outil de gestion de contrats en ligne, Eolis, qui permet aux clients de communiquer à leurs banques les pourcentages d’assurance-crédit facture par facture.
Euler Hermes propose également un service de recouvrement de créances commerciales aux entreprises non assurées. Le groupe propose des solutions variées de financement de leurs créances commerciales, par le biais d’un partenariat commercial avec le groupe d’affacturage Eurofactor, ou par le biais d’opérations de titrisation.
Le groupe offre aussi aux entreprises une large gamme de garanties et cautions pour des contrats domestiques ou à l’export. Ces prestations s’adressent particulièrement aux entreprises du bâtiment et des travaux publics et des biens d’équipement.
Enfin, l’offre se complète par de l’assurance contre la fraude qui couvre les entreprises contre les pertes financières causées par des agissements frauduleux de leurs employés ou de leurs prestataires, tel que les vols, les détournements ou la fraude. Ce service est toutefois proposé uniquement en Allemagne.
Un modèle vertueux en 2007
Au titre de l’année 2007, ce groupe phare de l’assurance-crédit a enregistré un chiffre d’affaires consolidé de 2,1 milliards d’euros, en progression de 4,4 % (+ 5,6 % à périmètre et taux de change constants). Euler Hermes a parlé d’une bonne année. « 2007 n’est pas seulement une excellente année pour Euler Hermes, qui a atteint ses objectifs financiers. C’est également une année marquante en termes de développement commercial à travers le monde », s’est félicité Clemens von Weichs, Président du Directoire d’Euler Hermes, lors de la parution des chiffres annuels.
Le résultat net part du groupe s’est monté à 407 millions d’euros (+ 24,8 %) pour un résultat opérationnel de 577,7 millions d’euros (+ 17,9 % par rapport à 2006).
Le résultat net par action 2007 est de 9,33 euros contre 7,51 euros en 2006. Sur la base de ce résultat net par action de 9,33 euros, Euler Hermes a décidé à l’Assemblée Générale du 15 mai le paiement d’un dividende de 5 euros par action, en hausse de 25 % par rapport au dividende 2006. Le dividende sera mis en paiement en espèces le 23 mai 2008.
Un premier trimestre 2008 confronté à une conjoncture difficile
Au titre du premier trimestre 2008, Euler Hermes a réalisé un chiffre d’affaires de 527,1 millions d’euros, en croissance de 2,8 % (de 5,4 % à taux de change constat).
Dans le détail, l’Allemagne, de facto moins secouée par la crise, affiche une croissance de 4,9 % « plus forte que les autres pays européens, croissance positivement impactée par une révision à la baisse des ristournes de primes en 2008 et une augmentation des primes acceptées d’opérateurs tiers ».
Il est à noter pourtant qu’en 2007 l’Allemagne était restée en retrait des autres pays européens, une croissance faible qui s’explique par un environnement très compétitif induisant une pression sur les taux de primes, des assurés privilégiant l’auto-assurance suite à la faible sinistralité de ces trois dernières années et une forte hausse des ristournes.
L’activité au Royaume-Uni affiche une croissance en devise locale de 10,7 %. Cette zone géographique s’est bien reprise l’an dernier après quelques années difficiles.
Aux Etats-Unis, l’activité commerciale est confrontée à un fort ralentissement avec une croissance de 1% en devise locale, à comparer à 21,9 % en 2007. « Ce ralentissement s’explique en grande partie par une politique volontariste de résiliation de contrats non rentables et par une moindre croissance des primes du fait de la faible croissance du chiffre d’affaires des assurés », explique le groupe.
Euler Hermes est aussi présent dans les nouveaux marchés (Europe de l’Est, Europe du Sud, Amérique latine et Asie) où « la croissance du chiffre d’affaires reste très dynamique avec une croissance égale à 12,5 % à périmètre et taux de change constants ».
Son résultat opérationnel se monte à 74,4 millions d’euros, en baisse de 58,2 %. « Ce résultat s’explique par la hausse du ratio combiné à 83,1 % par rapport à 67 % à fin mars 2007 et par l’absence de réalisation de plus-values au niveau du portefeuille actions suite à la baisse des marchés financiers au début de l’année 2008 », analyse la direction du groupe dans son dernier communiqué de presse.
Il faut en effet noter que le taux de sinistralité net a augmenté de 15 points à 62,9 % à fin mars 2008. Les principaux pays touchés par la hausse de la sinistralité sont l’Amérique du Nord et les pays d’Europe du Sud mais Euler Hermes constate également une progression du ratio de sinistralité dans les autres pays européens.
Par ailleurs, le ratio de coûts net est passé de 18,5 % à 20,3 % suite à une diminution des commissions de réassurance du fait d’un taux de rétention des primes plus élevé.
Le résultat financier courant à fin mars 2008 diminue légèrement de 3,8 % par rapport au premier trimestre 2007.
A fin mars 2008, la valeur de marché du portefeuille financier s’élevait à 3 508 millions d’euros contre 3 497 millions d’euros au 31 décembre 2007, en progression de 11 millions d’euros. Les plus values latentes du portefeuille s’élevaient à 89 millions d’euros à fin mars 2008 contre 134 millions d’euros à fin décembre 2007, soit un recul net de 45 millions d’euros principalement imputable à la diminution de plus values sur le portefeuille actions.
Le résultat net consolidé part du groupe ressort à 38,4 millions d’euros, en chute de 65,6 %.
Ces chiffres illustrent le coup dur qu’a subi Euler Hermes, impacté par la crise financière mondiale. « Le ralentissement de la croissance économique mondiale qui s’est amorcé en Amérique du Nord et puis en Europe, et tout particulièrement dans l’Europe du Sud, a impacté l’activité d’Euler Hermes par une augmentation de la sinistralité », explique le groupe dans le communiqué de presse. « Alors que des premières mesures correctives avaient été prises durant le dernier trimestre 2007, face à ce retournement économique, Euler Hermes a pris toute une série de mesures supplémentaires en matière de souscription de risques et de hausses de primes afin de s’adapter à ce nouvel environnement », déclare Clemens von Weichs, le Président du Directoire.
Les fonds propres du groupe s’établissent à 2 063 millions d’euros à fin mars 2008 contre 2 078 millions d’euros au terme de l’exercice 2007.
Des perspectives très liées à l’évolution de la santé économique mondiale
Euler Hermes est donc, comme on le constate, directement impacté par la conjoncture économique des pays dans lequel le groupe exerce ses activités.
Le groupe note, dans son communiqué de presse, que « le début de l’année 2008 a été impacté par le ralentissement de la croissance économique mondiale en Amérique du Nord et en Europe, et notamment en Europe du Sud. Euler Hermes considère, à ce stade, avoir pris les mesures de prévention adéquates en matière de souscription des risques et de taux de primes pour faire face à cet environnement difficile ».
Néanmoins, chez les têtes pensantes d’Euler Hermes, les incertitudes sont devenues des inquiétudes. Dans son « Bulletin économique » de janvier 2008, mis en ligne sur son site Internet, Euler Hermes faisait un point sur les défaillances d’entreprises (+ 5 %) en 2007 et listait les facteurs qui pourraient aggraver la donne. Pour les Etats-Unis, le groupe expliquait que « la crise immobilière y a une ampleur indiscutable, avec des répercussions sur le secteur de la construction et, par choc en retour, sur les secteurs économiques liés à la consommation. Les prévisions 2008, en conséquence, nous amènent vers un taux de croissance en baisse, et des défaillances en hausse. »
D’un point de vue global, l’état de santé de l’économie américaine laisse la porte ouverte à une contagion mondiale, analysait Euler hermes en janvier dernier, disant avoir « opté pour une tendance mesurée : la crise américaine, dans un environnement déjà en ralentissement, hors Asie et quelques îlots de croissance forte (Europe de l’Est, Brésil, Moyen-Orient), pèsera négativement sur la croissance mondiale, mais sans scénario de crise majeure. Les défaillances d’entreprises suivront, corrélativement, la même tendance, avec une croissance quasi-généralisée. A moins bien sûr, que des évènements géopolitiques majeurs ne viennent bouleverser le paysage. »
Dans sa dernière communication en date, Euler Hermes explique rester « vigilant face à l’ampleur et à la durée possible de ce ralentissement économique et, en ce moment, n’anticipe pas une amélioration de la situation macroéconomique avant l’automne 2008 ».