Credit Suisse : Des résultats dans le rouge, une première depuis cinq ans
Article du 24/04/2008
Credit Suisse a clôturé pour la première fois depuis cinq ans dans le rouge. La deuxième banque nationale avait averti fin mars qu’elle ne s’attendait pas à être rentable au premier trimestre en raison d’un mois de mars plus difficile que les deux précédents. L’institution suisse, moins touchée que sa concurrente UBS et ses quelque 37 milliards de dollars de corrections de valeur, a tout de même enregistré sur les trois premiers mois une perte nette de 2,148 milliards de francs suisses (1,33 milliard d’euros), contre un profit net de 2,7 milliards un an plus tôt. Cette perte est plus importante que la prévision des analystes qui tablaient un résultat négatif d’environ 1 milliard de francs suisses.
Le produit net bancaire de Credit Suisse a reculé de 72 % à 3 milliards de francs suisses tandis que l’afflux net d’argent frais a progressé de 17,1 milliards.
La banque d’investissement a largement contribué à faire virer les comptes dans le rouge, avec une perte avant impôts de 3,46 milliards, contre un profit de 2 milliards un an plus tôt.
La division gestion d’actifs a également enregistré de mauvaises performances, avec une perte de 468 millions, contre un bénéfice de 89 millions de francs suisses au premier trimestre 2007.
Seule la banque privée a dégagé un bénéfice de 1,3 milliard de francs suisses (- 4 %).
La gestion de fortune a généré un afflux de nouveaux capitaux de 13,5 milliards, en hausse de 6 % sur un an, tandis que la gestion d’actifs a enregistré un reflux net de 20,2 milliards.
Mise à mal depuis plusieurs mois, Credit Suisse a annoncé de nouvelles réductions d’effectifs, concernant 500 postes, qui viennent s’ajouter à 500 autres annoncés en janvier.
La raison de ce dérapage est une nouvelle dépréciation d’actifs que la banque a subie dans le cadre de la crise des « subprime ». L’établissement suisse a procédé à des réajustements à hauteur de 5,3 milliards de francs suisses sur les trois premiers mois de l’exercice, contre 1,68 annoncé en mars. La banque a déprécié au total, depuis le début de la crise des « subprime » l’été dernier 8,5 milliards de francs suisses. « Le mois de mars a été très difficile, mais la situation s’est stabilisée en avril », a estimé le directeur général, Brady Dougan. « Nous espérons que la situation va s’améliorer à partir de maintenant », a-t-il souligné.
Selon un analyste de la Banque cantonale de Zurich (ZKB), les banques auraient en effet déjà touché le fond : « le sentiment général est que le pire serait passé pour les valeurs financières », estime-t-il.
Un point de vue toutefois non partagé par un autre analyste de la ZKB, Andreas Venditti, qui considère que « même si certaines positions à risques ont été réduites (...) les positions dans les titres adossés à des dettes collatérales demeurent toujours exposées ».
Credit Suisse se considère « bien positionné pour naviguer à travers des conditions difficiles de marché ». La banque a « substantiellement réduit (son) exposition dans les secteurs affectés ». La banque a réduit en moyenne de plus de 60 % son exposition aux produits hypothécaires et dérivés fin mars. Elle reste néanmoins exposée à hauteur de 20,8 milliards (- 65 % par rapport au précédent trimestre) au financement à effet de levier et de 19,3 milliards (- 46 %) aux hypothèques commerciales. Les hypothèques résidentielles ne représentent plus que 5,5 milliards dans le portefeuille, en baisse de 66 % depuis la fin 2007, et n’ont nécessité que 96 millions de dépréciations, contre 513 millions lors du dernier trimestre 2007.
Quant à l’exposition aux « collateralized debt obligations » (CDO), elle a reculé de 56 % en glissement trimestriel à 700 millions de francs, mais a requis des correctifs de 2 656 millions après 1 285 millions en 2007.