La publication des résultats annuels du Groupe Pizzorno Environnement, spécialisé dans la collecte, le traitement et la valorisation des déchets dans le sud de la France, est l’occasion de s’intéresser au marché du carbone.
Car les évolutions stratégiques du Groupe Pizzorno dans la valorisation et l’utilisation des gaz issus de la dégradation des déchets pourraient permettre au groupe d’être un nouvel acteur dans les fameux crédits carbone.
Le marché des crédits CO2 fonctionne selon le modèle du marché boursier.
Pourquoi créer une Bourse du carbone ?
Powernext Carbon n’est autre que la bourse européenne de quotas de dioxyde de carbone, ouverte le 24 juin 2005 et basée à Paris. Avec plus de 382 millions de tonnes de CO2 échangées rien qu’en 2005, la petite soeur de Powernext, la bourse de l’électricité hexagonale, a consolidé sa position dominante au sein des marchés organisés au comptant des permis d’émission de CO2 et a pour ambition de devenir une des plaques tournantes des échanges européens de quotas d’émission de gaz à effet de serre.
La création de Powernext Carbon s’est inscrite dans la ligne droite du protocole de Kyoto, signé en 1997 par les pays industrialisés, et qui s’engage sur des objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES) . Une directive européenne du 13 octobre 2003 est venue renforcer la contrainte de réduction pour les électriciens, les industriels des secteurs de l’acier, de la chimie, du ciment et les raffineries. La sidérurgie est en effet le deuxième secteur, après l’électricité, à produire le plus d’émissions de CO2.
Quel est son fonctionnement ?
A chaque entreprise est allouée annuellement (en fonction de leurs émissions passées, de leurs prévisions de croissance et d’un objectif de réduction) une quantité de permis d’émission. Un permis équivaut au droit d’émettre une tonne de GES dans l’atmosphère.
Si les industriels émettent moins de CO2 que le quota exige, ils peuvent mettre en vente des permis d’émission sur le marché européen du carbone. A contrario, ils peuvent soit acheter les permis manquants soit investir dans des techniques de combustion moins polluantes - si cette option est moins coûteuse -, soit encore encourager des techniques moins émettrices dans des pays émergents. C’est cette dernière méthode qu’utilise pour l’heure Pizzorno Environnement, par le biais de ses installations au Maroc.
Autre point : les industriels ne peuvent pas conserver leurs quotas non utilisés en 2005-2007 (première période de la mise en place de Powernext Carbon) pour la seconde période de 2008-2012. Sans doute préféreront-ils les utiliser et ne seront donc pas encouragés à réduire leurs émissions avant 2008 ? Fin 2007, toutes les informations seront disponibles pour faire un premier bilan et voir si les émissions effectives des industries correspondent aux quotas alloués.
La contrainte de réduction des émissions de GES porte à la fois sur l’entreprise mais également au niveau national. Chaque Etat membre a réalisé un Plan National d’Allocation de Quotas (PNAQ) qui définit les règles et l’attribution des quotas par installation sur son territoire et précise les quantités maximum de CO2 que peuvent rejeter les entreprises concernées.
En France, 1 126 sites ont reçu gratuitement 156 millions de permis pour 2005. Au niveau européen, 12 000 sites sont concernés pour près de 2 milliards de tonnes de gaz. Ce système concerne cinq secteurs industriels : la production d’électricité à partir de ressources fossiles, les cogénérations supérieures à 20MWh, les raffineries et les fours à coke, les aciéries, les industries minérales et papetières. Ainsi, la France qui a misé sur l’énergie nucléaire est-elle moins fortement impacté que l’Allemagne.
Quels sont ses objectifs ?
Le marché du CO2 a pour objectif d’encourager les industries à investir dans des modes de production propres, que ce soit sur leur territoire ou bien à l’étranger. Système dissuasif avant tout, le marché du carbone deviendra à terme plus restrictif. Dès 2008, s’ouvrira une nouvelle étape pour le marché européen du carbone avec l’extension des restrictions à de nouveaux GES et de nouveaux secteurs.
Le protocole de Kyoto fixait une réduction de l’ordre de 8 % des émissions de CO2 d’ici la fin 2012.
Quelles sont ses limites ?
Powernext Carbon qui regroupait fin 2006 plus de 60 membres est encore un marché jeune. Les règles d’allocation des quotas devront sans doute être harmonisées au niveau européen pour améliorer son efficacité.