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Brésil, le géant latino

Article du 30/03/2007
Le fait est loin d’être anecdotique. En adoptant un nouveau mode de calcul, le Brésil vient de réviser à la hausse la croissance de son PIB. Et les nouveaux chiffres disponibles ont de quoi susciter l’attention des économistes internationaux.
Selon l’ancienne méthode, la croissance brésilienne était de 2,9 % en 2006. Dans les comptes nationaux révisés, en suivant les critères des Nations Unies, le PIB affiche désormais une croissance de 3,7 % pour 2006.
L’institut brésilien des statistiques (IBGE) a recalculé le PIB brésilien depuis 2000 en utilisant les nouvelles enquêtes sur les ménages, les entreprises et l’Etat. Et a découvert que depuis onze ans son économie était sous-estimée de 10,9 % et bien en-deçà de son taux potentiel de croissance.

« Le spectacle de la croissance » si cher à Lula est peut-être là

Pour 2007, l’institut anticipe une croissance encore plus marquée, de l’ordre de 4,5 %. Une annonce commentée par le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega. « Nous sommes déjà dans un cycle de croissance soutenue (...) qui sera de longue haleine ».
En revanche, la Banque Centrale du Brésil évoque une croissance économique de 4,1 % pour 2007, contre 3,8 % précédemment estimé.
La révision des chiffres de la croissance pèse mécaniquement sur les autres grands secteurs de la comptabilité nationale brésilienne. Ainsi, la dette publique ne représente plus de 44,9 % du PIB en 2006 contre plus de 51 % l’an passé, selon les chiffres fournis par la Mission économique française au Brésil.
De la même manière, le poids du déficit public baisse mécaniquement. Il passe de 3,3 % du PIB en 2005 à 3 % pour 2006. En d’autres termes, le Brésil entrerait parfaitement dans les clous du Pacte de Stabilité et de Croissance, si cher aux Européens convaincus et si difficile à atteindre pour la France, qui dépasse depuis plusieurs années déjà les limites fixées par le Traité de Maastricht.
Et le ministre brésilien n’hésite pas à faire lui-même la comparaison. « Nous pourrions entrer dans le traité de Maastricht », plaisante-t-il en prévoyant par ailleurs que « le déficit nominal zéro pourrait être atteint avant 2010 » et que le poids de la dette pourrait chuter à 35 % du PIB à l’horizon 2010.
Enfin, l’inflation pourrait également suivre la tendance. La Banque Centrale brésilienne table sur une inflation à 3,8 % cette année (3,9 % selon l’estimation précédente) et 4,4 % en 2008 (4,5 % prévus en décembre). Des chiffres qui restent dans les marges que s’était fixée la Banque Centrale brésilienne : soit limiter la hausse des prix à 4,5 % pour les deux années à venir.

Une puissance en devenir

Cette révision à la hausse de la croissance du PIB est finalement une bonne nouvelle pour le Brésil qui, dans un certain sens, pâtissait d’une croissance trop faible eu égard à ses congénères pays émergents des BRIC (acronyme pour Brésil, Russie, Inde et Chine).
Le géant latino figure désormais dans le club des pays à plus de 1 000 milliards de dollars du PIB, avec un PIB brésilien estimé à 1 200 milliards de dollars en 2007 selon la banque d’affaires Goldman Sachs.
« Nous étions la dixième économie mondiale jusqu’à présent. En 2005, nous étions à la huitième place et maintenant nous nous approchons de la septième qui est celle de la France », se félicite Guido Mantega.
Pour autant, cette joie brésilienne non dissimulée peut inquiéter hors du pays. Car cette révision de la croissance devrait faire l’effet d’un aiguillon pour les grandes économies mondiales, pour l’heure plus inquiètes de la croissance à deux chiffres de l’ex « atelier du monde », la Chine, et des appétits grandissants de l’Inde. Or, l’Asie n’a pas le monopole du potentiel économique.
Le poumon vert de l’Amérique du Sud est également le cœur industriel du sous-continent. Et ses prises de bec remarquées à l’Organisation Mondiale du Commerce en ont fait un acteur clé de la politique économique internationale.
La part des services n’est pas en reste dans l’économie brésilienne, puisqu’elle se monte, selon la révision, à 64 %. En revanche, l’agriculture, qui représente moins de 10 % du PIB, reste la championne des exportations.
Reste au pays à stimuler ses investissements (16,7 % du PIB en 2006) pour passer d’un statut de puissance « émergente » à puissance « émergée ». Depuis de longues années, les investissements en infrastructures sont même devenus « la variable d’ajustement des finances du secteur public », analyse la Mission économique française au Brésil.
Seul bémol à la montée en puissance brésilienne, et il est de taille : le social dans un pays encore habité par de profondes inégalités. L’éducation (3,8 % du PIB, loin des 6 % minimum demandés par l’Unesco) et la santé sont les éternels parents pauvres du budget brésilien.
« Le gouvernement s’enorgueillit d’avoir porté le rythme de créations d’emploi de moins de 100 000 à plus de un million par an, cela reste encore très insuffisant face à plus de deux millions de nouveaux arrivants chaque année sur le marché du travail », précise la Mission économique.
C’est d’ailleurs sur la promesse d’un mieux-être que Luiz Ignacio Lula da Silva a remporté son second mandat présidentiel.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet
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