Comme nous vous l’annoncions hier, le titre Eurotunnel a repris sa cotation ce matin après plus de dix mois de suspension. La cotation de l’action Eurotunnel avait été suspendue à Paris et à Londres le 12 mai 2006 en raison des difficultés financières du groupe, asphyxié par une dette de plus de 9 milliards d’euros. Le titre valait alors 0,44 euro à Paris.
En raison de la durée de la suspension de cotation, aucun cours de référence n’avait été fixé pour la reprise de cotation. Ce matin, à 9h20, le titre affiche une baisse de 4,55 % à 0,42 euro.
Vendredi, l’exploitant du tunnel sous la Manche a fait part des modalités de l’OPE (offre publique d’échange) de la nouvelle société Groupe Eurotunnel SA (GET SA). « Cette offre permettra au titulaire de chaque Unité Eurotunnel apportée de recevoir une action ordinaire GET SA un bon de souscription d’actions ordinaires GET SA », précisait le communiqué de presse de GET SA. Ainsi, le titulaire de chaque Unité Eurotunnel apportée de recevra une action ordinaire GET et un bon de souscription d’actions ordinaires GET.
Le Groupe Eurotunnel SA (GET SA) est la nouvelle entité juridique destinée à remplacer les sociétés actuelles, Eurotunnel SA et son pendant britannique Eurotunnel Plc. La création de GET SA était prévue par le plan de sauvegarde d’Eurotunnel, avalisé par le tribunal de commerce de Paris le 15 janvier dernier et destiné à sauver l’exploitant.
L’OPE s’inscrit dans le cadre du plan de sauvegarde d’Eurotunnel. Si l’Autorité des marchés financiers rend son avis comme prévu le 3 avril, l’ouverture de l’OPE pourrait intervenir dès le 10 avril.
Au final, les actionnaires actuels ne détiendront plus qu’au minimum 13 % de la nouvelle structure. Mais le pourcentage de détention du capital par les actionnaires actuels est fonction du montant d’obligations remboursables en actions (ORA) que la société serait en mesure de racheter aux créanciers au cours des 37 mois de mise en oeuvre de ce plan. Le taux de réussite de l’OPE est fixé à 60 %.
En cas de succès, si l’opération a permis d’échanger au moins 60 % du capital, l’opération sera rouverte du 28 mai au 8 juin, avant un règlement livraison le 22 juin 2007.
Selon Eurotunnel, le groupe compte environ 500 000 actionnaires.
Restaurer le bilan
L’exploitant du tunnel sous la Manche devrait redevenir une entreprise viable compte tenu de ses performances commerciales. Eurotunnel avait été placé sous la protection de la procédure de sauvegarde le 2 août dernier après le rejet par les créanciers d'une première mouture du plan de restructuration de sa dette.
L’objectif du plan de sauvegarde est de diviser par deux la dette du groupe qui s’élève à 9,1 milliards d’euros. GET SA ne supportera plus qu’une dette de 4,16 milliards d’euros et paiera donc des intérêts moindres qu’auparavant.
Le groupe dirigé par Jacques Gounon a désormais trois ans pour se remettre sur les rails. Pour autant, il prévoit une baisse d’activité en 2007 liée à la suppression de la « charge minimale d’utilisation » (MUC), à savoir un niveau de péages forfaitaire réglés par les sociétés ferroviaires. Pour 2007, le chiffre d’affaires estimé est attendu à 735,8 millions d’euros, en baisse de 11,35 % par rapport à 2006, avant 751,5 millions en 2008 puis 777,3 millions en 2009, selon un document remis par Eurotunnel à l’AMF. Eurotunnel avait annoncé début mars avoir réalisé également un bénéfice opérationnel courant de 241,1 millions d’euros en 2007, en baisse de 26 % par rapport à l’exercice précédent.