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France : Jean-Claude Trichet plaide pour une réduction des dépenses publiques

Article du 23/11/2007
Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a plaidé jeudi pour un « objectif ambitieux » de réduction des dépenses publiques en France.
« Je ne verrai que des avantages à ce qu'on puisse fixer un objectif de réduction de la dépense publique en proportion du PIB ambitieux sur une durée suffisamment longue (...) par exemple sur une dizaine d'années », a-t-il dit devant la commission Attali pour la libération de la croissance française (CLCF).
Jean-Claude Trichet, dont l'audition était retransmise sur la chaîne de télévision Public Sénat, a estimé que la France avait, en la matière, de « très gros problèmes » et qu'il fallait se montrer « aussi déterminé que possible ».
Il indiqué qu'en 2007, « les dépenses publiques en France seront les plus lourdes en proportion du PIB, non pas seulement au sein de la zone euro mais aussi au sein de l'Union européenne ».
Il a rappelé qu'en 1973, la France était au niveau du Royaume-Uni et de l'Allemagne, avant que l'écart ne se creuse pour atteindre aujourd'hui neuf points avec cette dernière.
« Ce n'est pas une fatalité française d'avoir des dépenses publiques gigantesques et plus importantes que tous les autres », a-t-il insisté.
Le président de la BCE a estimé que la France avait des « progrès à faire » en matière d'éducation et de formation. Il a souhaité que le pays opère une « jonction » entre les grandes écoles et les universités et insisté sur la « nécessité absolue » de réformer ces dernières.
Dans ce tableau plutôt sombre, il a toutefois relevé certains points forts comme la culture française de « l'excellence intellectuelle » et l'enseignement « original » et « d'excellence » du pays bien que présentant le défaut « de ne pas être suffisamment couplé à la recherche ».
Le président de la BCE par ailleurs plaidé pour une plus grande souplesse du marché du travail en France. « Nous considérons qu'il est important que l'on puisse se concentrer sur une très grande souplesse du marché du travail », a-t-il dit.
Il a cité deux pays en exemple: l'Irlande, où il n'y « pas de chômage », où la protection sociale est de type anglo-saxon et qui « connaît le plein emploi ». Et le Danemark, qui ne connaît « pas de chômage de masse », dont la protection sociale est « très scandinave » mais qui « aux yeux de l'entreprise connaît une souplesse du marché du travail ».
En matière de marché du travail, « la rigidité se paye en chômage supplémentaire », a insisté Jean-Claude Trichet.
Pour lui, l'amélioration du pouvoir d'achat en France passe par des gains de productivité et « travailler plus ».
S'exprimant sur la politique d'immigration, au moment où la France a durci la sienne, il a plaidé pour une France « ouverte » estimant que « l'immigration a été pour la France une chance extraordinaire ».
« On voit la France se transformer de manière visible, je m'en réjouis. (...) Il faut que nous soyons ouverts », a encore affirmé Jean-Claude Trichet, en indiquant qu'il était lui-même marié à une femme d'origine d'ukrainienne.
S'exprimant à son tour devant la commission Attali, le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Angel Gurria a lui aussi plaidé pour que la France aille « plus loin » dans les réformes, jugeant en particulier insatisfaisant le fonctionnement du marché du travail.
Il a déploré la faiblesse du système éducatif français pour une partie importante de la jeunesse ainsi qu'une fiscalité relativement complexe et peu attractive, pesant fortement sur le travail.

Pour un dollar fort

Le président de la BCE a par ailleurs jugé vendredi que les « mouvements forts et abrupts (sur les changes) n'étaient pas favorables à la croissance mondiale. »
« Les mouvements brutaux sont malvenus », a-t-il encore répété en marge d'un congrès bancaire à Francfort (ouest), alors que l'euro a frôlé les 1,50 dollar vendredi dans la matinée.
Jean-Claude Trichet a également fait savoir qu'il avait « énormément apprécié » les déclarations du secrétaire du Trésor américain selon lesquelles un « dollar fort est dans l'intérêt des Etats-Unis ».
Le président de la BCE n'a cessé de multiplier ces dernières semaines les déclarations pour tenter d'enrayer la forte poussée de l'euro, qui vole de record en record face au billet vert, provoquant l'inquiétude des milieux politiques et économiques concernant les retombées pour la croissance de la zone euro. La montée de l'euro freine en effet les exportations des pays ayant adopté la monnaie unique.

Francebourse.com, avec AFP
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