Ils ont 8, 12, 16 ans et manient une mitrailleuse Kalachnikov presque aussi lourde qu’eux. Ils seraient entre 250 000 et 300 000 enfants soldats dont l’enfance est meurtrie par la guerre dans des pays où la guerre civile fait rage, où le développement affiche des retards dramatiques…
La conférence réunie à Paris aujourd’hui entend alerter la conscience mondiale sur le sort de centaines de milliers d’enfants issus des pays en voie de développement, notamment africains. En effet, les enfants soldats sont encore nombreux dans des pays comme la Somalie, le Tchad, le Soudan, l’Ouganda, le Sri Lanka ou la Colombie. Enrôlés de force, kidnappés dans les champs ou lors de rafles à la sortie de l’école, engagés volontaires dans l’espoir de gagner quelques sous, ces enfants soldats sont devenus bien utiles pour les guérillas en tous genres : soldats, bombes humaines, esclaves sexuelles ou servantes pour les filles, de plus en plus nombreuses.
La conférence « Libérons les enfants de la guerre », réunie sous l'égide de l’UNICEF et de la diplomatie française, rassemble des représentants d’une soixantaine de pays ainsi que diverses ONG. « La conférence a pour objectif l’adoption par les Etats présents d’un texte appelé les Engagements de Paris », précise le ministère français des Affaires étrangères qui engage à signer les « Principes de Paris ». Des engagements visant notamment à envoyer un message fort de soutien à la lutte contre l’utilisation des enfants dans les conflits armés et à promouvoir l'élaboration de nouveaux programmes de libération, de protection et de réinsertion. « Protéger ces enfants constitue un enjeu éthique, un enjeu de stabilité et un enjeu de développement », souligne Philippe Douste-Blazy qui copréside la conférence internationale.
La conférence de Paris entend également focaliser l’attention sur les filles et les difficultés de réinsertion de ces jeunes, une fois récupérés par les ONG internationales présentes dans ces pays.
Déclenchée par les atrocités au Sierra Leone et au Liberia, la prise de conscience a été tardive. En 1997, une première conférence a réuni au Cap plusieurs ONG, sans les États. Depuis 1999, l’ONU a voté six résolutions mais les initiatives ont souvent été brouillonnes et manifestement insuffisantes pour endiguer le phénomène. Des programmes de libération, démobilisation, réinsertion, de ces enfants sont en cours ou achevés dans certains : depuis 2001, près de 95.000 enfants en auraient bénéficié, selon les chiffres du Quai d'Orsay.
La définition de l’UNICEF : « Un enfant soldat est une personne de moins de dix-huit ans qui fait partie régulièrement ou occasionnellement de toute force armée ou groupe armé, en quelque qualité que ce soit, notamment mais non exclusivement en qualité de cuisinier, de porteur, de messager ou de personne accompagnant de tels groupes, en dehors des membres de leurs familles. Cette définition comprend les filles recrutées à des fins sexuelles ou pour contracter un mariage forcé. Elle ne renvoie donc pas seulement aux enfants qui portent ou ont porté les armes.
Principes et meilleures pratiques du Cap relatifs au recrutement d'enfants dans les forces armées et à la démobilisation et la réinsertion sociale des enfants soldats en Afrique (Le Cap, 27-30 avril 1997). »
