Dominique de Villepin se donne 48 heures pour reloger les sans-abri du canal Saint-Martin

Des dizaines de tentes rouges alignées le long du canal parisien et quelques badauds, curieux. Si l’action coup de poing de l’association Les Enfants de Don Quichotte semble porter ses fruits médiatiques et pose un épineux problème à la classe politique, sur le terrain, précisément Quai de Valmy, le campement d’infortune était plutôt calme samedi en début de soirée.
Les membres de l’association et les sans-abri qui occupent provisoirement ces trottoirs parisiens attendent la réalisation des premières promesses du gouvernement. Et le Premier ministre de promettre une solution d’hébergement sous deux jours pour chacun des SDF du Quai de Valmy. C’était hier soir sur le plateau télévisé de Canal Plus. Dominique de Villepin a déclaré vouloir apporter sous peu « des réponses ponctuelles en liaison avec les collectivités ». Mais n’a fourni aucune précision sur la nature de cette « solution ».
« Il faut trouver le moyen d’apporter des justes réponses, a-t-il déclaré le Premier ministre. Il y en a qui veulent avoir une chambre seule, je veux bien (...) Chacun doit y mettre un peu du sien, y compris les associations. Il faut être un peu réaliste. Il vaut mieux loger dans une chambre à deux ou trois que loger au bord d'un canal. »
Dominique de Villepin a rappelé l’annonce de son projet de loi pour rendre le droit au logement opposable. Un texte qui répond directement à une des propositions de la Charte des Enfants de Don Quichotte. Au passage, le Premier ministre a révélé avoir conseillé à Jacques Chirac, qui voulait annoncer la mise en place du droit au logement opposable il y a un an dans ses vœux, de retarder cette annonce.
Dominique de Villepin n’a pas épargné la gauche de critiques sur ce sujet, estimant qu’elle « n’a rien fait en matière de logement ». Il a par ailleurs jugé que la proposition d’acquisition-réquisition faite jeudi par Ségolène Royal était « une sottise ».
Selon le Premier ministre, il y aurait en France 20 000 SDF et 100 000 personnes vivant dans des logements insalubres. « C’est un fait statistique, mesurable, quantifiable. (…) Nous avons rattrapé un retard » depuis 2002. « Nous en sommes à 90 000 logements sociaux, il en faut 120 000 », a t-il poursuivi.
Le gouvernement serait donc, selon Dominique de Villepin, en pleine concertation avec les associations pour « régler le problème de ceux qui sont dans la rue et en particulier (près du) canal Saint-Martin (à Paris) et d’autres » et « trouver une solution à ceux qui sont sous les tentes. »
De leur côté, les Enfants de Don Quichotte attendent « d’avoir des choses concrètes pour parler ». Samedi, deux nouveaux campements ont vu le jour à Bordeaux et Strasbourg.

De Villepin ne soutiendra pas Sarkozy à l'UMP
Par ailleurs, Dominique de Villepin a profité de cette tribune télévisée pour aborder la question du vote interne à l’UMP pour désigner le candidat à la présidentielle. Jusqu’alors, seul Nicolas Sarkozy est en lice puisque Michèle Alliot-Marie a annoncé la semaine dernière ne pas exclure une candidature mais hors étiquette UMP.
Surprise : hier, Dominique de Villepin a annoncé qu’il ne participerait pas au vote interne de l’UMP, prévu le 14 janvier prochain. Il s’agit là d’un nouveau désaveu pour le président de l’UMP, Nicolas Sarkozy. « Je ne participerai pas au vote car il ne vous a pas échappé que le président de la République ne s’étant pas prononcé, comme chef du gouvernement, je ne suis pas en mesure de participer à ce vote », a-t-il affirmé. Le Président de la République a en effet la semaine dernière annoncé qu’il se prononcerait sur son éventuelle candidature courant du « premier trimestre ».
Dominique de Villepin a répété hier soir qu’il était « à (sa) place et à (sa) tâche de Premier ministre ». « Je veux y être fidèle », a-t-il dit en estimant qu'il avait « beaucoup de travail au service des Français ».
Nicolas Sarkozy une fois élu candidat par les adhérents de l’UMP, il y a de fortes chances pour qu’il quitte son poste au gouvernement. D’ailleurs, Dominique de Villepin a fait entendre qu’il avait un nom en tête pour le remplacer au ministère de l'Intérieur, refusant de le dévoiler. « Aujourd’hui, il n’y a pas de candidat qui puisse, sur son nom, l’emporter », a t-il déclaré.
Le Premier ministre n’a pas été avare de conseils pour le futur candidat à la présidentielle. « Si on veut aligner une famille politique réunie derrière un candidat sous forme de petits pois ou de sardines dans une boîte, vous ne gagnez pas comme ça. » L’entente cordiale entre les deux hommes semble bien écornée.
La réplique n’a pas tardé. Hier, Patrick Devedjian, le conseiller de Nicolas Sarkozy, a déclaré que les candidatures de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin n’étaient pas exclues mais hautement improbables. « Je pense que le successeur préféré de Jacques Chirac, c’était Jacques Chirac », selon Patrick Devedjian, commentant un sondage paru hier dimanche et révélant que 81 % des Français ne désirent pas voir le Président de la République se présenter une nouvelle fois. « Je pense qu'au bout du compte, la raison triomphera et que tous le monde finira par soutenir Nicolas Sarkozy » a t-il assuré.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet