Après six jours de violents combats, le retrait de quelques troupes des forces islamistes ouvrent une lueur d’espoir quant au retour au calme en Somalie.
Pour autant, la trêve ne semble pas à l’ordre du jour. Et ce conflit ne fait que renforcer une situation particulièrement instable en Somalie. En effet, ce pays connaît depuis 1991 une interminable guerre civile. Les nouvelles institutions de transition, mises en place en 2004 et dirigées par Ali Mohamed Dedi, se sont révélées incapable d’endiguer la montée en puissance des islamistes.
La Somalie a donc fait appel au gouvernement éthiopien voisin, avec qui elle avait pourtant eu des contentieux sur la question des frontières pendant 45 ans. Religion et terrorisme - les Etats-Unis craignent que les tribunaux islamiques n’aient des liens avec le réseau terroriste d’Al Qaida – sont à l’origine de cette vague de violence. Les islamistes ne s’en cachent pas : leur site salue les « moudjahidine » qui scandent des sourates du Coran en allant au-devant des « croisés » éthiopiens. Addis Abbeba est connu pour assimiler l’influence islamiste au terrorisme et justifie son intervention par la légitime défense, depuis le Conseil des tribunaux islamiques de Somalie a décrété la guerre sainte contre ce pays à majorité chrétienne.
Depuis le 20 décembre dernier, c’est donc par la force que le gouvernement de Mogadiscio, allié à l’armée éthiopienne, tente d’enrayer la puissance des milices islamistes. Ces dernières avaient pris le contrôle de l’aéroport international de Mogadiscio entraînant son bombardement lundi.
Mais aujourd’hui il semblerait que les forces des tribunaux islamiques quittent certaines de leurs positions et que l’armée éthiopienne avance vers la capitale somalienne, aux mains des tribunaux islamiques depuis juin. Les combats auraient fait plus de 800 blessés et jeté des milliers de civils sur la route, s’inquiète le Comité international de la Croix-Rouge. Le Programme alimentaire mondial, dans le triste souvenir des collectes de riz, a mis en place un pont aérien pour approvisionner le pays en vivres et en aide.
Ces violences ne sont pas sans faire craindre l’embrasement de la Corne de l’Afrique, région particulièrement pauvre et fragile du continent. La zone ne se remet pas de plusieurs décennies de guerre et de famine. L’Erythrée pourrait s’engluer dans le conflit en ne cachant pas son soutien aux islamistes somaliens.
Le Conseil de sécurité des Nations Unies a rappelé dans un communiqué de presse son inquiétude quant à l’escalade de la violence : « le Conseil, en conséquence, demande instamment aux institutions fédérales de transition et à l’Union des tribunaux islamiques de respecter les engagements qu’elles ont pris, de reprendre sans délai les négociations de paix sur la base des accords conclus à Khartoum et de se conformer aux accords issus de leur dialogue, et de créer un état de sécurité stable en Somalie. (…) Le Conseil invite toutes les parties à se dégager du conflit, à réaffirmer leur attachement au dialogue, à appliquer immédiatement la résolution 1725 (2006) à s’abstenir de toute action de nature à provoquer ou à perpétuer la violence et les violations des droits de l’homme, à susciter inutilement des tensions et la méfiance, à mettre en péril le cessez-le-feu et le processus politique ou à aggraver encore la situation humanitaire. Le Conseil réaffirme son attachement à la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique et l’unité de la Somalie. »
Le Secrétaire général de l’ONU, Kofi Anan, a exprimé « sa profonde préoccupation face aux informations faisant état de l’implication de forces étrangères dans le conflit actuel et implore toutes les parties concernées de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Somalie ».
