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Le manque de neige inquiète l'OCDE et l'économie locale

Article du 14/12/2006
L’absence de neige inquiétait déjà les professionnels du tourisme hivernal, à l’aube des vacances de Noël, qui marque habituellement le début de la saison. C’était sans compter la sonnette d’alarme tirée par les économistes de l’OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économique).
Sur son site Internet, l’organisation internationale prévient : "actuellement, on considère que 90 % des domaines skiables Alpins de moyenne ou grande taille, soit 609 domaines sur 666, bénéficient d’un enneigement naturel suffisant pendant au moins cent jours par an. Les 10 % restants opèrent déjà dans des conditions précaires. Une hausse de la température de 1°C, de 2°C ou de 4°C à l’avenir pourrait ramener le nombre de domaines skiables jouissant d’un enneigement fiable à 500, 400 ou 200, respectivement." De quoi inquiéter l’économie alpine, dans les différents pays d’Europe que couvre la chaîne montagneuse.
L’OCDE insiste particulièrement sur les changements climatiques qui se sont opérés ces dernières décennies. "D’après les relevés historiques existant, plusieurs régions des Alpes ont connu leur mois de novembre le plus chaud, ce qui a retardé l’arrivée de la neige de plusieurs semaines et inquiète les professionnels du tourisme d’hiver. (…) Les Alpes sont particulièrement sensibles aux changements climatiques et le réchauffement récent y a été à près de trois fois supérieur à la moyenne mondiale. Les années 1994, 2000, 2002, et 2003 ont été les plus chaudes dans les Alpes au cours des cinq cents dernières années (d’après des reconstructions de haute résolution du climat de la région depuis 1500 après J.C.). Les projections des modèles climatiques font état de changements encore plus sensibles dans les décennies à venir, notamment d’une diminution de la quantité de neige à basse altitude et d’un recul des glaciers conjugué à la fonte du permafrost plus haut", précise l’organisation.
D’après l’étude, ce sont les Alpes allemandes qui seraient le plus menacées par le radoucissement du climat : "un réchauffement de 1°C y entraînerait une baisse de 60 % du nombre de domaines skiables bénéficiant d’enneigement naturel fiable. L’Autriche (où la moitié des revenus du secteur touristique, soit 4,5 % de l’économie nationale, provient du tourisme d’hiver) est légèrement plus sensible que la moyenne. (…) C’est la Suisse qui souffrirait le moins de ces changements, mais même dans son cas, un réchauffement de 1°C ferait diminuer l’enneigement naturel de 10 % et un réchauffement de 4°C diviserait par deux le nombre de pistes bénéficiant d’un enneigement fiable." De quoi inquiéter la municipalité de la célèbre station de ski suisse de Gstaad, sur le devant de la scène médiatique depuis hier pour d’autres raisons. Les stations de basse altitude, en dessous de 1 500 mètres, seraient bien entendu les premières touchée. "Certaines des plus petites installations sont déjà en train de fermer, a averti Shardul Agrawala, expert à l’OCDE et auteur principal de l’enquête, et beaucoup de stations devront trouver des sources de revenus autres que le ski et les treks dans la neige."
La France semble, en revanche, tirer une meilleure épingle du jeu. "Le tourisme est une activité économique essentielle dans les pays Alpins, précise les économistes de l’OCDE. On dénombre chaque année entre 60 à 80 millions de touristes et quelque 160 millions de "journées skieurs" en France, Autriche, Suisse et Allemagne."
Au-delà de l’amoindrissement du manteau blanc, c’est bien toute l’économie saisonnière de ces régions qui est menacée. Ce n’est pas anecdotique : les épreuves de Coupe du monde féminine de Val-d'Isère ont dû être annulées ce mois-ci en raison du manque de neige, tout comme le slalom féminin de Megève, prévu le 20 décembre. A titre d’exemple, la station de La Clusaz (1 500 mètres d’altitude) n’a ouvert aucune piste. A l’Alpe d’Huez, à 1 860 mètres d’altitude, on compte 16 centimètres à la station et 30 en haut des pistes seulement.
Exploitants de stations de ski, sociétés de services liés aux sports de montagne, secteur de l’hôtellerie et de la restauration, le manque de neige pourrait refroidir les touristes. Pour le moment, les professionnels pallient tant bien que mal grâce à l’enneigement artificiel mais même cette année les températures sont trop douces pour faire marcher les canons à neige la nuit et saupoudrer les pistes. De plus, selon l’OCDE, "la neige artificielle peut être rentable pour eux, mais elle consomme beaucoup d’eau et d’énergie, et a une incidence sur les paysages et les écosystèmes. En outre, les coûts de fabrication de la neige de culture augmentent considérablement à mesure que les températures s’élèvent, et dès lors que celles-ci auront dépassé un certain seuil, fabriquer de la neige ne sera plus viable."
L’OCDE suggère d’autres pistes de réflexion : installer des revêtements en plastique pour protéger les glaciers d’une fonte trop rapide, "niveler les pentes et détourner les cours d’eau pour modifier le relief mettent l’environnement naturel en péril et accroissent les risques de crues soudaines et d’éboulements". Autant de solutions qui ne sont pas neutres sur le plan environnemental comme économique. L’OCDE va continuer de plancher sur le thème : un rapport sur les Changements climatiques dans les Alpes européennes – Adapter le tourisme d’hiver et la gestion des risques naturels devrait paraître en février prochain.

Francebourse.com - Alexandra Voinchet

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