Neuf Cegetel : Club Internet entre officiellement dans son giron
Article du 10/05/2007
Ca y est. Club Internet vient d’être officiellement racheté par Neuf Cegetel, annoncent l’opérateur français de télécommunications dans un communiqué.
Certes, « la transaction doit encore recevoir le feu vert des autorités françaises de concurrence (mais) Neuf Cegetel et Deutsche Telekom espèrent finaliser la transaction avant la fin du premier semestre ».
Le montant de l’acquisition de T-Online France à 100 % auprès de Deutsche Telekom, détenteur de Club Internet, n’a pas encore été révélé. Selon le quotidien Les Echos, le prix de la transaction pourrait s’élever entre 430 et 460 millions d’euros. Une offre supérieure à celle que proposait Free, également intéressé par ce rachat. Au total, quatre candidats s’étaient déclarés intéressés par l’acquisition de Club Internet : Iliad, maison mère de Free, Neuf Cegetel, Ypso (Noos Numéricâble) et Telecom Italia (Alice).
Les difficultés de Deutsche Telekom
Neuf Cegetel met ainsi la main sur le fournisseur d’accès Club Internet, mis en vente car déficitaire par Deutsche Telekom. En effet, Club Internet a enregistré une perte brute d’exploitation de 100 millions d’euros sur un chiffre d’affaires de 200 millions.
Par ailleurs, Deustche Telekom, premier opérateur européen par le chiffre d'affaires, a annoncé une baisse de 5,8 % de son excédent brut d’exploitation au premier trimestre, due principalement au déclin de ses activités de téléphonie fixe en Allemagne.
S’il a gagné 572 000 clients dans le haut débit sur le trimestre, l’ex-monopole en a perdu parallèlement 588 000 dans sa division fixe T-Com. Pour tenter d’enrayer cette chute, et outre la cession de certains actifs, le groupe a décidé de transférer 50 000 salariés vers d’autres activités, avec à la clé un allongement de la durée du travail et une baisse des salaires. Le syndicat des services Verdi pourrait appeler à la grève.
Chez nous, grâce à cette acquisition, Neuf Cegetel, qui est filiale à 40,6% de SFR (Vivendi), passe de la troisième à la seconde place en tant que nombre d’abonnés, en gagnant plus de 600 000 nouveaux clients – qui vont s’ajouter aux 2,17 millions d’abonnés à l’ADSL. Et dépasse son concurrent Free (2,278 millions d’abonnés).
Les comptes dans le rouge de Club Internet pourraient toutefois peser sur Neuf Cegetel. Ce dernier, grâce à ses propres pertes passées, dispose déjà de 2 milliards d’euros de crédits d’impôt.
Un secteur en pleine restructuration
Neuf Cegetel est le premier opérateur alternatif généraliste français. Le groupe est présent sur l’ensemble des marchés : particuliers, professionnels, TPE, PME et grands groupes privés ou publics, opérateurs et fournisseurs d’accès Internet. Doté d’un réseau de dernière génération « tout IP », le groupe propose à ses clients particuliers ou professionnels une large gamme de services : téléphonie fixe et mobile, données, Internet et télévision numérique.
Ce rachat devrait modifier la donne parmi les opérateurs présents, le marché du haut débit et de la téléphonie française étant plus que jamais dominé par trois géants : Orange, Neuf Cegetel et Free.
Les petits opérateurs apparaissent de plus en plus comme des cibles. Preuve en est : Telecom Italia pense à vendre Alice du fait de problèmes d’argent, d’actionnariat et de management. En France, Alice, certes quatrième opérateur, n’a toujours pas atteint une taille critique. Là encore, Neuf Cegetel a manifesté son intérêt. Le Fournisseur d’accès ne cache pas sa stratégie de croissance externe depuis que le groupe dirigé par Jacques Veyrat a racheté AOL en 2006. Cette vente pourrait être précipitée par l’annonce du jour, Telecom Italia se trouvant encore plus marginalisée.
On peut également se demander ce que deviendront les derniers entrants qui se sont lancés récemment tels que Darty, The Phone House et SFR.
La restructuration des acteurs du secteur pourrait également avoir des conséquences sur la clientèle française. Les offres comprenant Internet, la téléphonie illimitée et la télévision devraient se démocratiser et drainer une nouvelle clientèle vers les FAI. La course aux prix et aux débits devrait se poursuivre mais elle pourrait bientôt laisser la place à une tendance à l’extension des offres de services complémentaires.
Enfin, d’aucuns pensent que l’offre par le câble pourrait se développer. Numéricâble Noos, détenu par Altice et le fonds britannique Cinven, qui a connu des difficultés en fin d’année dernière et a dû licencier, pourrait voir arriver de meilleurs jours.
