Guerre commerciale : la Chine suspend ses exportations de terres rares : Allemagne visee, France exposee
Article du 15/04/2025
Alors que les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine atteignent un nouveau sommet, Pékin a décidé de frapper un grand coup en suspendant ses exportations de terres rares. Cette mesure, hautement stratégique, vise à répondre aux droits de douane décidés par Washington… mais elle a des répercussions bien au-delà.
Pourquoi les terres rares ?
La Chine détient plus de 90 % de la production mondiale de terres rares — ces matériaux indispensables à la fabrication de batteries, de moteurs électriques, de smartphones, d’équipements militaires ou encore d’éoliennes. En suspendant leur exportation, Pékin ne se contente pas de riposter : elle utilise son quasi-monopole pour exercer une pression sur l’Occident, notamment sur les pays fortement dépendants de ces ressources.
Pourquoi l’Allemagne est-elle visée ?
L’Allemagne est en première ligne. Son industrie automobile, son secteur technologique et ses exportations haut de gamme reposent massivement sur l’accès fluide à ces matières premières critiques. En ciblant indirectement Berlin, la Chine cherche à diviser les Européens et à infléchir les positions de l’Union européenne sur les grands dossiers commerciaux, en particulier vis-à-vis des États-Unis.
Et la France dans tout ça ?
La France, bien qu’elle ne soit pas nommément visée, n’est pas à l’abri. Elle dépend elle aussi à près de 100 % des importations pour ses besoins en terres rares. Aéronautique, défense, télécommunications, transition énergétique… autant de secteurs clés qui seraient directement affectés par une perturbation durable des approvisionnements.
L’alerte est donc sérieuse. D’autant que la Chine ne fait ici qu’illustrer une vérité souvent éludée : le contrôle des ressources naturelles est devenu un levier de puissance majeur dans la géopolitique mondiale.
Une stratégie de souveraineté à repenser
Cette situation vient rappeler à l’Europe — et à la France en particulier — la nécessité absolue de renforcer sa souveraineté stratégique. Certains projets d’extraction ou de recyclage de métaux critiques existent, mais ils avancent lentement, freinés par les contraintes environnementales et les oppositions locales.
Il y a urgence. Car si la Chine décide de durcir encore le ton, les répercussions économiques pourraient être majeures : augmentation des coûts de production, tensions sur les chaînes d’approvisionnement, ralentissement des transitions numériques et énergétiques…
Conclusion : la Bourse doit rester attentive
Pour les investisseurs, ce contexte doit être scruté de près. Les valeurs industrielles et technologiques les plus exposées aux terres rares pourraient souffrir à moyen terme. À l’inverse, les acteurs du recyclage, de l’extraction locale ou de la substitution pourraient bénéficier d’un regain d’intérêt. La guerre commerciale entre Pékin et Washington est peut-être en train de changer de nature… et les marchés doivent s’y préparer.